Gabriel Attal recevra ce lundi tous les recteurs d'académies. Au centre des discussions, les cas de harcèlement et la réponse de l'Éducation nationale après le suicide de Nicolas à Poissy, un adolescent de 15 ans, le lendemain de la rentrée scolaire. "Nous ne sommes toujours pas à la hauteur", a dit le ministre. La lettre que le rectorat de Versailles a envoyée aux parents de Nicolas est tout simplement écœurante. C’est terrifiant de voir que face à la souffrance d’un enfant et à l’inquiétude de ses parents, la seule réponse du rectorat est de menacer la famille.
C’est dramatique car cette lettre a été envoyée 4 mois avant le suicide de Nicolas et elle devient une pièce à conviction. Mais elle est dramatique dans tous les cas, car on se demande combien d’autres parents ont été traités ainsi. Combien de parents ont fait face à ce manque d’empathie, à cette absence de réaction, à cette froideur. Ce ne sont pas des dossiers, ce sont des enfants. D'ailleurs, Gabriel Attal a parlé de "honte", et il annonce un audit. Il veut que toutes ces lettres, tous ces échanges entre établissements, rectorat et parents soient épluchés. Il faut qu’il soit publié, cet audit. Il faut qu’on sache.
Parce que la plupart du temps, c’est hashtag "pas de vague". Surtout pas de bruit, la réputation du collège pourrait en prendre un coup ! Cela vaut pour les harcèlements et pour la violence envers les professeurs, il ne s’agit pas de se couvrir, mais de protéger les victimes, que ce soit des élèves ou des profs et ça ne doit pas être toujours au ministre d’intervenir.
Même dans le doute, il faut croire celui qui se plaint
Alba Ventura
Gabriel Attal est arrivé cet été au ministère, l’un de ses premiers sujets a été le harcèlement scolaire, c’est une très bonne chose. Sa première parole forte a été dire que désormais, "c’est au harceleur de quitter l’école". Il a donc donné son feu vert en quelque sorte, mais pourquoi fallait-il attendre que le ministre le dise formellement ? Cela parait tellement évident ! Alors bien sûr, il y a des situations compliquées qu’il faut démêler, bien sûr il peut y avoir des abus, des harcelés qui n’en sont pas vraiment, des parents même qui invoquent le harcèlement pour changer leur enfant d’établissement…
Oui, tout ça existe, mais Nicolas, Lindsay et tant d’autres, s’ils en sont venus au pire, c’est parce qu’ils se sentaient toujours en danger, toujours pas protégés, c’est parce que leurs angoisses et leurs inquiétudes n’étaient pas suffisamment prises en compte. Il faut que les réflexes changent. Quand vous dites que votre enfant est victime de harcèlement, le premier réflexe ce n’est pas de faire une enquête pour savoir si vous dites vrai. Il faut éviter de croire que la victime est potentiellement un délateur, un coupable. Même dans le doute, il faut croire celui qui se plaint d’abord. Il faut empêcher les supposés agresseurs, ceux qui sont visés par la victime. C’est dans ce sens-là qu’il faut agir.