ÉDITO - François Bayrou à Pau plutôt qu'à Mayotte : "Un Premier ministre ne devrait pas faire ça", tacle Etienne Gernelle

C’est peut-être la première erreur de François Bayrou. Lundi soir, il n’a assisté qu’en partie à la réunion du centre interministériel de crise au sujet de Mayotte. Or Mayotte, c’est une tragédie nationale. Et le rôle du Premier ministre est de diriger l’action du gouvernement. C’est beaucoup plus son rôle que celui d’Emmanuel Macron, qui a pourtant présidé la réunion d’hier.

François Bayrou en est d’ailleurs conscient, puisqu’il a commencé son conseil municipal par une minute de silence à propos de Mayotte. Il a même proposé une subvention de 25.000 euros de la ville de Pau pour Mayotte, ce qui, pardon, est hors sujet. C’est d’abord le travail de l’État.

Donc, il a fait le mauvais choix. D’autant plus que cela jette  - un peu - de discrédit sur une idée qui n’est pas absurde : celle de conserver son mandat municipal à Pau. Rester élu local, quand on gouverne, c’est une manière de répondre à cette fracture entre la France des grandes métropoles et la France dite "périphérique". 

Au moins Bayrou n'a pas mobilisé les moyens de l'État pour une visite sur place

Ça n’est d’ailleurs pas que symbolique : gérer une ville est de beaucoup plus instructif que de faire ces "déplacements sur le terrain", comme on dit, qui sont parfois artificiels. C’est une expérience précieuse quand on connaît les dégâts provoqués par la déconnexion des réalités de la technocratie parisienne . Souvenez-vous des gilets jaunes.

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François Bayrou a raison de rester maire de Pau, mais il a eu tort en ces circonstances de s’y rendre. Pire : on ne peut pas vouloir montrer son souci de la France périphérique et de le faire au détriment de cette France géographiquement encore plus périphérique que sont les Outre-mer. Alors attention, cela ne veut évidemment pas dire que François Bayrou n’a rien fait sur Mayotte, mais en l’espèce, il a abîmé le message qu’il voulait porter. 

Pendant ce temps-là, Emmanuel Macron annonce qu’il va se rendre à Mayotte dans les prochains jours. Cela souligne à l’inverse l’erreur que n’a pas commise le Premier ministre : se rendre sur place trop vite. Sur le lieu d’une catastrophe, la visite trop rapide d’un haut personnage de l’État mobilise parfois des moyens de logistique et de sécurité qui seraient mieux employés autrement. Alors, on verra ce que signifie ce "dans les prochains jours", mais en ce qui concerne François Bayrou, disons qu’au moins, il n’a pas commis cette erreur-là.

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