ÉDITO - Gouvernement : Étienne Gernelle déplore "193 jours de quasi-vacances du pouvoir"
Depuis la dissolution de l'Assemblée nationale et les démissions des gouvernements de Gabriel Attal et Michel Barnier, la France n'est plus vraiment gouvernée depuis six mois et treize jours.
Qui ira poser ses cartons à Matignon ? Après la censure du gouvernement de Michel Barnier, la question du nouveau premier ministre se pose pour Emmanuel Macron mais la vérité, c’est que le pays n’est pas gouverné depuis six mois maintenant. Ce n’est pas faire injure au gouvernement de Michel Barnier, il a fait ce qu’il a pu, c'est-à-dire pas grand-chose. Balloté et soumis à des chantages, l'exécutif s’est concentré sur le service minimum, à savoir boucler un budget, et n’y est même pas arrivé.
Auparavant, on a passé l’été avec un gouvernement Attal démissionnaire. En fait, pour retrouver des ministres vraiment au travail, il faut remonter à avant même la dissolution, jusqu’au début de la campagne officielle des européennes, soit le 27 mai.
Au total, 193 jours de quasi-vacance du pouvoir. Une situation grave parce que le monde ne nous attend pas. Dernier exemple en date avec la situation en Syrie, un bouleversement géopolitique. En France, on compte les députés socialistes qui pourraient, éventuellement, ne pas voter une autre censure.
Le constat accablant de Jean Tirole, Prix Nobel d'économie
Le prix Nobel d’économie, Jean Tirole, qui s’exprimait à Toulouse dans un événement nommé Futurapolis ce week-end, a évoqué la glissade de l’Europe, et de la France en particulier. "Il faut que les gens réalisent qu’on est dans une impasse, L’Europe va devenir un ensemble de deuxième zone ; soit on réagit soit on se laisse glisser. Et si l’Europe n’a plus la puissance économique, la puissance technologique, elle va disparaître sur les questions géopolitiques, par exemple dans les discussions sur le changement climatique", a-t-il pointé du doigt.
Sur la France, le constat est encore pire. "Si la dette continue à croître, à un moment est-ce qu’on attend, d’être dans le mur et avoir une crise à la grecque ? Il faut agir de manière collective", a encore mis en avant Jean Tirole. Le spectacle est accablant : le président de la République procrastine à la recherche d'un nouveau Premier ministre et l’Assemblée est le théâtre de pugilats puérils et de débats économiques hors-sol. Pendant ce temps-là, comme le dit Jean Tirole, on "laisse glisser". Et on vient de perdre encore 196 jours…
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