Souvenez-vous du budget 2024, qui n'avait été adopté qu'avec le secours de l'article 49-3, c'est-à-dire la procédure du vote bloqué, où le gouvernement met en jeu sa responsabilité. Dans cette procédure, on vote pour ou contre le gouvernement, et si ce dernier remporte l'affaire, le texte est réputé adopté. 2025, examiné après les JO de Paris, n'aurait pu être adopté qu'avec la même procédure.
Techniquement, c'est possible de l'utiliser, mais politiquement, non. L'année dernière, le recours à l'article 49-3 une quinzaine de fois pour le budget, et pour la réforme des retraites, a scié les pattes du gouvernement Borne. C'était le signe de son impuissance ! Et là, ça aurait tué le gouvernement Attal, et le Président avec lui.
Car la situation politique s'est durcie depuis l'année dernière. Et la situation budgétaire s'est détériorée. Le risque était très élevé de rencontrer une motion de censure, c'est-à-dire que le gouvernement soit renversé par un vote de défiance à l'occasion du budget. Macron devance l'appel en quelque sorte, en choisissant le moment de l'épreuve plutôt qu'en le subissant. C'est la dernière cartouche de quelqu'un qui ne peut plus gouverner.
La situation budgétaire s'est détériorée, car jamais la France n'a été dans une situation si préoccupante depuis 1958. Avec 5% du PIB de déficit au moins et plus de 110% de dette publique, c'est maintenant l'un des pays d'Europe où les finances publiques sont les plus abîmées par les dépenses très importantes qui ont été faites par l'exécutif.
Cela exige un redressement vigoureux, avec au moins 20 milliards d'euros d'économies. Attal et Le Maire n'ont pas les moyens de faire passer un tel programme, c'était l'explosion assurée à l'Assemblée nationale.
Et si le le chef de l'État gagne son pari, il n'aura pas les moyens de faire voter un tel budget. La journée d'hier a fait au moins un mort : le redressement budgétaire français, qui n'aura pas lieu sous la présidence Macron. Car s'il existe une possibilité, pour le Président, de bloquer l'accès au pouvoir du RN, cela ne peut être qu'avec une coalition branlante et hétéroclite, avec une partie de la droite et de la gauche qui, jamais, ne s'accordera sur autre chose, en matière économique, que de nouvelles dépenses.
La victoire d'Emmanuel Macron est d'abord très incertaine. Cette dissolution décidée à la hâte fait penser à la phrase de Bismarck : "Faire la guerre préventive, c'est comme se suicider par peur de la mort."
Et elle n'a guère de chances de rendre le pays plus gouvernable, vu le rapport de forces politique. Car Macron n'a pas vraiment d'interlocuteur dans l'opposition qu'il appelle républicaine. Et si même elle advenait, elle a toutes les chances de se traduire par une politique réduite au tout petit dénominateur commun des partis traditionnels.
Il est possible que ce second quinquennat mal né se soit en réalité terminé hier soir. La première défaite électorale, lors des législatives de juin 2022, l'avait blessé gravement. La seconde, hier, l'a interrompu. Et une troisième épreuve se profile où c'est désormais le mandat présidentiel qui est en jeu.
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