ÉDITO - Dissolution de l'Assemblée nationale : Alba Ventura et le "pari osé" d'Emmanuel Macron
À peine le résultat des élections européennes connu, Emmanuel Macron est apparu à la télévision pour annoncer la dissolution de l'Assemblée nationale. Alba Ventura analyse la stratégie du chef de l'État.
Je ne vois pas qui aurait pu prédire ce scénario. Il faut se souvenir qu'il y a quelques jours encore, le président de la République expliquait à ceux qui réclamaient la dissolution (le Rassemblement National) qu'il n'en était pas question, car c'était une élection européenne et pas une élection nationale. Cela a pris tout le monde de court, y compris les députés lepénistes.
Parce qu'il faut s'imaginer ce que ça veut dire pour tous les états-majors. Il faut repartir en campagne, faire des affiches, faire un programme de gouvernement. Tout ça, ça ne s'improvise pas. Personne n'était prêt !
Les macronistes, non plus, n'imaginaient pas ce scénario. Car ils savent bien ce que ça veut dire la dissolution. On est dans un pays où l'on a imposé une réforme des retraites, où la réforme de l'assurance chômage pèse sur un bilan déjà très défavorable à la majorité. Donc les semaines qui viennent vont être compliquées. Beaucoup savent qu'ils risquent de tomber sur le champ de bataille.
Une grande coalition contre le RN ?
Mais ce sera très dur aussi pour la gauche de s'unir en si peu de temps alors qu'il y a des différences flagrantes, des désaccords profonds entre les insoumis, les socialistes et les écologistes. Et ce sera dur pour la droite LR de reprendre des couleurs (le score du parti Les Républicains en témoigne avec 7%). Donc le seul qui peut s'en tirer, c'est le RN porté par le résultat des européennes.
Pour Emmanuel Macron, il y a un premier objectif : c'est celui qui est affiché. Le président n'a pas de majorité, donc il redonne la parole aux Français. Ce qui ne manque pas, pourrait-on dire, d'une forme de panache.
Sauf qu'il y a probablement derrière un autre calcul. Celui de prouver que le RN n'est pas en situation de gouverner, car il n'aura pas de majorité. Et donc d'appeler ensuite à une grande coalition, c'est-à-dire obliger les partis des gouvernements à bouger. Ce qui est honnêtement un pari osé. Parce qu'à deux ans et demi de la présidentielle, on ne voit pas bien le parti qui ira rallier un président affaibli.
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