ÉDITO - Défense : ne pas ronger sur les dépenses sociales, "c’est de la pensée magique", selon Étienne Gernelle

C'est un débat qui monte : entre les canons ou des allocations, il va falloir choisir, en tout cas en partie. D’ailleurs, Emmanuel Macron, la semaine dernière, en même temps qu’il parlait de réarmement, a préconisé "des réformes, du choix, du courage".

Alors le 9 mars, sur cette antenne, au Grand Jury, François Hollande lui a répondu en disant, en substance, que si l’on touchait au social en utilisant cet argument, cela risquait d’encourager ceux qui font preuve d’un "pacifisme bêlant", entendez LFI. Ce n'est pas faux, mais qu’il le veuille ou non, cette alternative est déjà là !

Mais sur le fond, ceux qui opposent le social et le réarmement ont-ils raison ? En tout cas, ils ont les chiffres pour eux ! La France a affiché 175 milliards de déficit public l’an dernier ! Et on doit augmenter les dépenses militaires de 30 ou 50 milliards d’euros, ça ne passe plus !

Pourquoi rogner sur le social est-il une nécessité

Quand François Bayrou dit que sur le social, on ne va rien abandonner, on est dans l’incantation. Ça se comprend, parce que son gouvernement ne tient qu’à un fil, mais arithmétiquement, ça ne tient pas. Certains se demanderont pourquoi ce serait sur le social qu’il faudrait rogner ?

Mais parce qu’il faudra le faire sur tout, étant donné les sommes en jeu. De plus, les dépenses sociales sont la moitié des dépenses publiques et que les retraites sont le quart ! S’imaginer qu’on peut y arriver sans toucher au plus gros morceau des dépenses, c’est de la pensée magique.

En revanche, il est vrai que présenter les choses comme une simple opposition est une erreur et le signe d’une certaine lâcheté.

Pourquoi "une certaine lâcheté" motive les réformes ?

Si le modèle social doit être réformé, c'est d’abord parce qu’il est en lui-même insoutenable. Il l’était déjà avant la guerre en Ukraine. Malgré les prélèvements obligatoires, les plus importants d’Europe, nous ne sortons pas la tête de l’eau.

C'est notamment ce qui nous empêche non seulement d’investir ce qu’il faut dans la défense, mais aussi dans la transition écologique. Tout cela, on le savait, et pourtant nous n’avons pas réformé, ou pas assez. Et dire qu’il faut le faire aujourd’hui à cause de l’effort de défense, pardon, ce n’est pas très courageux.

La menace poutino-trumpienne, n’est que la goutte d’eau qui fait déborder le vase du modèle social français, ou pour plus prendre une image plus adaptée, l’étincelle qui met le feu aux poudres.

L’actualité par la rédaction de RTL dans votre boîte mail.

Grâce à votre compte RTL abonnez-vous à la newsletter RTL info pour suivre toute l'actualité au quotidien

Je créé mon compte Se connecter

S’abonner à la Newsletter RTL Info