ÉDITO - "Friedrich Merz, un allié de poids pour ce qui est de l’Europe de la défense", estime Étienne Gernelle

Dans la soirée du 26 février, Emmanuel Macron a diné à l’Élysée avec le futur chancelier allemand, Friedrich Merz. Pour Étienne Gernelle, il s'agit de l’homme qui peut réveiller l’Europe.

Friedrich Merz, chef de file de la CDU, après le résultat des élections, dimanche 23 février

Crédit : Odd ANDERSEN / AFP

ALLEMAGNE - Friedrich Merz, l'homme qui peut réveiller l'Europe

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Disons-le, cela fait du bien ! L’Europe est piétinée par Donald Trump, qui s’est aligné sur le Kremlin. Au milieu de ce marasme, émerge un homme, Friedrich Merz, patron de la CDU et vainqueur des élections allemandes du 23 février 2025.

Il faudra se souvenir de sa déclaration, qui pourrait bien rester dans les livres d’histoire, je le cite : "Ma priorité absolue sera de renforcer l’Europe le plus rapidement possible, de manière à ce que nous obtenions peu à peu une véritable indépendance vis-à-vis des États-Unis". Merz ajoute : "Je n’aurais jamais cru dire une chose pareille dans une émission de télévision". Car oui, c’est un événement considérable.

Jamais un dirigeant allemand n’a parlé comme cela ? Friedrich Merz est certes un atlantiste, mais aussi un véritable européen, dans la lignée de Konrad Adenauer et d’Helmut Kohl.

Une initiative dans les pas du Général de Gaulle

Sauf qu’aucun d’entre eux n’est allé aussi loin. Il faut savoir que, "l’indépendance", de la "souveraineté", faisait jusqu’ici partie du vocabulaire des Français. En Allemagne, même quand on était très européen, on parlait de "capacité d’action" commune.

Bref, on dosait, entre l’Europe et l’Amérique. Alors cette déclaration est un vrai tournant. Et c’est aussi une revanche du Général de Gaulle. En effet, au cours de l'année 1963, De Gaulle improvise le traité de l’Élysée, pour contrecarrer une initiative américaine de défense, et tenter de créer un noyau politique et militaire européen.

Sauf que les plus atlantistes de la CDU se rebellent, et font ajouter, un préambule au traité au moment de la ratification, préambule qui dévitalise tout parce qu’il dit, en substance, que ce traité ne saurait entamer le lien avec l’Amérique.

Un allié qui a de quoi réjouir Emmanuel Macron

La déclaration de Friedrich Merz est un renversement et Emmanuel Macron, qui vante la souveraineté européenne depuis longtemps, a dû boire du petit lait. Mais concrètement, qu’est-ce que ça change ?

Rien n’est facile, Emmanuel Macron n’est plus maître des horloges en France et Friedrich Merz aura fort à faire dans sa coalition avec le SPD. Mais c’est un allié de poids pour ce qui est de l’Europe de la défense, car l’Allemagne est bien moins endettée de la France, et va donc pouvoir dépenser. Mais surtout, politiquement, cela signifie un alignement inédit entre Paris Berlin. Si cela marche, on pourra dire merci monsieur Merz !

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