ÉDITO - Guerre en Ukraine : Étienne Gernelle explique pourquoi Volodymyr Zelensky "a raison de courber l’échine" face à Donald Trump

Cinq jours après l’échange très tendu entre Zelensky et Trump dans le bureau ovale, on pourrait dire un peu familièrement que le président ukrainien “s’est couché” ; qu’il a cédé aux demandes du président américain. 

Cela va peut-être en choquer certains, mais il a eu raison, Volodymyr Zelensky. Soyons clairs, ce que fait Donald Trump est répugnant. C’est de l’extorsion pratiquée sur une courageuse démocratie menacée de disparition par une dictature.
 
Le président américain veut piller les minerais de l’Ukraine sans offrir de garantie de sécurité sérieuse. Et néanmoins, Volodymyr a raison d’accepter l’inacceptable. Il a même raison de courber l’échine, comme il l’a fait en déclarant penaud que "la réunion de Washington ne s’est pas déroulée comme elle aurait dû". C'est un peu comme les Bourgeois de Calais, apportant aux Anglais les clefs de leur ville pieds nus et corde au cou. 

Pourquoi Zelensky n’a pas le choix ?

Qu’est-ce que cela lui apporte si Donald Trump ne lui donne pas de garanties ? Eh bien du temps ! La suspension de l’aide américaine est extrêmement dangereuse. Selon la plupart des experts, l’armée ukrainienne peut tenir jusqu’à l’été avec les armes et les munitions dont elle dispose.

Mais dans l’immédiat, l’arrêt de l’aide en matière de renseignement, et de cyberguerre serait catastrophique. Volodymyr Zelensky a besoin de s’acheter du temps pour éviter le pire. Néanmoins, la perspective est sombre, c’est évident. D’abord, après avoir signé l’accord, il aura un tout petit levier tactique. Donald Trump sera très fier de son "deal", et serait bien embarrassé si l’Ukraine s’en retirait par la suite.

Surtout, cela donne du temps aux Européens pour s’organiser et prendre le relais de manière durable. Et on le voit, cela bouge enfin en Europe.

Volodymyr Zelensky a-t-il eu tort de refuser l’accord à la Maison Blanche ?

Le président Ukrainien a eu raison d’essayer d’avoir de vraies garanties. Maintenant, il a la réponse : il sait qu’il n’en aura pas. 

Il sait que Donald Trump est vaniteux et cupide au dernier degré, qu’il n’y a rien à en tirer de plus qu’un peu de répit. Alors, il choisit le moindre mal. C’est la leçon de réalisme de Machiavel : "Les hommes prudents savent toujours se faire un mérite de ce que la nécessité les contraint de faire".

C’est non seulement rationnel, mais cela ne fait que renforcer le caractère héroïque de Volodymyr Zelensky, qui aura tout fait pour sauver son pays, y compris ramper devant l’abominable M. Trump.