"Rien ne remplace la manipulation réelle du matériel" : comment l'armée française s'entraîne à la guerre de haute intensité sur l'île du Levant

Comment la France prépare très concrètement ses forces armées ? Sil n'est pas question d'envoyer des troupes françaises en Ukraine pour l'instant comme le martelait sur RTL Emmanuel Macron le 25 novembre, il faut être pleinement opérationnel. Pour se préparer à une guerre de haute intensité, RTL a pu assister à un exercice d'envergure mené autour de l'aéroport du Palyvestre, à Hyères.

Lors de cet exercice, un drone ennemi s'approche des côtes françaises. Il ressemble aux drones shahed envoyés tous les jours par la Russie sur l'Ukraine. En quelques secondes, il est repéré par les radars. "Engagement en cours !", crie le lieutenant Alban du 1ᵉʳ Régime d’Artillerie, coordinateur des feux. Un missile sol air Mistral est tiré depuis la terre et touche sa cible au-dessus de l'eau à 4 km des côtes. "Entre la détection de l’aéronef ennemi et sa destruction, il s’est passé 17 secondes", se félicite le colonel Pierre Bernard, colonel adjoint de la 19ᵉ brigade d’artillerie et en charge de l’exercice.  
L’enjeu de cette campagne d’entrainement TOLL25 est justement de s’entrainer en conditions réelles à cette boucle "renseignement - acquisition - destruction" pour qu’elle soit la plus efficace possible. L’île du Levant permet aussi de s’entraîner avec des tirs réels grâce à une zone d’exclusion étendue en mer. "Rien ne remplace la manipulation réelle du matériel", explique le général Marc Galan, commandant de la 19e brigade d’artillerie, "dans cet exercice on travaille de l’échelon du général et du colonel au soldat qui est sur sa pièce et qui va mettre en œuvre son matériel. Donc l’intérêt pour nous, il est immense. Tout le monde travaille à son niveau en conditions réelles".

Quelques mètres plus loin, le centre des opérations est installé sous une tente. Une vingtaine de militaires se préparent à riposter avec une frappe dans la profondeur. Pour cela, un drone DT46 est envoyé en reconnaissance. À la radio, l’opérateur indique avoir décelé un lance-roquette ennemi. En quelques secondes, décision est prise de le "traiter" en tirant une roquette depuis un LRU (Lance-Roquette Unitaire) positionné en contrebas. 

Deux missiles sont tirés, la cible est détruite à plus de 30 kilomètres de là. Le colonel Pierre Bernard nous explique : "C’est le retour d’une forme de guerre qu’on avait oublié, donc là on revient sur quelques chose qu’on a pu connaitre lors de la Première et Deuxième Guerre mondiale. C’est le retour du feu, avec un rôle central de l’artillerie dans la bataille".

Les frappes en profondeur, c'est l’enjeu de cet exercice et la spécialité de la 19e Brigade d’artillerie (recréé il y a un an et demi). Son rôle : détruire les positions ennemies derrière les lignes de front pour permettre aux autres unités d’avancer. "On évalue les forces et les faiblesses de l’ennemi et on le neutralise à hauteur du maximum que l’on peut faire", précise le Général Marc Galan, "si on neutralise un poste de commandement ennemi, on affaiblit sa capacité de combat. Si on neutralise sa défense sol-air, on crée une brèche pour que l’armée de l’air puisse venir traiter des objectifs. Il y a des multiples façons d’opérer". 

À la fin de la journée, plus d’une dizaine de missiles ont été tirés sur différentes cibles et le général Marc Galan est satisfait : "C’est un scénario type engagement majeur qui peut arriver. On se prépare à tout type de scénario". Cet exercice permet aussi aux militaires de s’entrainer sur le LRU, un système qui permet de faire feu jusqu’à 70 kilomètres. Deux LRU sont actuellement déployés sur le flanc est de l’OTAN en Roumanie.