ÉDITO - Gouvernement Barnier censuré : "Le Parti socialiste, un parti sans boussole", selon Étienne Gernelle

Il est évident qu'il n'y a pas beaucoup de héros dans la tragédie politique actuelle. La France nage en plein chaos, et la censure votée mercredi 4 décembre résulte d'une conjonction d'intérêts politiques particuliers peu reluisants.

Pour le Parti socialiste, héritier de Léon Blum, parti de gouvernement et pilier de la démocratie française, le bilan est particulièrement accablant : soumission à La France insoumise, à sa stratégie du chaos, le tout dans une alliance tacite avec le Rassemblement national. Franchement, cela fait peine à voir.

Cela était d'ailleurs flagrant mercredi, lors de l'intervention de Boris Vallaud, chef du groupe PS à l'Assemblée. Il fallait l'écouter se tortiller, proposant un "pacte de non-censure" tout en votant la censure, reprochant à Michel Barnier son manque de dialogue alors qu'il avait refusé d'emblée de discuter avec lui. Un parti sans boussole... C'était assez pathétique. Et le pire, c'est qu'il y a à peine six mois, le PS était renaissant.

Que s'est-t-il passé il y a six mois ?

Lors des élections européennes, Raphaël Glucksmann, tête de liste de Place Publique et du PS, obtenait presque 14% des voix. Une résurrection pour la social-démocratie française. Glucksmann portait la voix d'une gauche constructive, pro-européenne. Et La France Insoumise était nettement derrière, sous les 10%.

Et puis, patatras. Dissolution. LFI prend l'initiative du NFP. Le PS, de manière inexplicable, se soumet et devient le vassal de LFI, pourtant plus petit. Pire, le PS se laisse humilier. Pensez : la proposition LFI d'abrogation de la réforme des retraites comprenait l'abrogation de la loi Touraine de 2013, œuvre des socialistes !

Le PS avale toutes les couleuvres. Toutes les provocations, y compris les ambiguïtés sur l'antisémitisme, y compris la proposition de suppression du délit d'apologie du terrorisme instauré sous François Hollande. Tout ! Le PS a donné l'impression d'abdiquer sa dignité. Ce n'est pas moi qui le dis. Il faut écouter ces sympathisants socialistes historiques, comme Jacques Attali mercredi, mais bien d'autres, qui disent qu'ils ne voteront plus PS à cause de sa soumission envers LFI. Alors, il n'est pas impossible que cet épisode finisse par réveiller le PS. Il serait temps.