ÉDITO - Michel Barnier "a enfilé son gilet jaune", déclare Étienne Gernelle

Mardi soir, Michel Barnier a enfilé son gilet jaune. Sans faire d'annonce majeure, il est venu faire de la politique et, dès le début de l'émission, il a attaqué ce qu'il appelle le "microcosme parisien". Il a répété cette expression, ce qui n'est pas anodin. Par microcosme parisien, il faut comprendre les partis politiques à l'Assemblée qui pourraient le faire tomber à très brève échéance. Cette formule est à la fois un positionnement et une menace.

En clair, si vous nous faites tomber, vous déclencherez le chaos, y compris financier, et cela aura des conséquences sur les vrais gens. Si je tombe, le budget tombe, et avec lui, les mesures prévues, comme la revalorisation des petites retraites, bref, les mesures en faveur des Français les plus modestes, c'est une autre formule utilisée hier soir par Michel Barnier.

Et le Premier ministre en a rajouté. Il a parlé des communes, de son département de Savoie. Bref, il a opposé le peuple aux élites, la France périphérique à Paris. L'intimidation est subtile, mais bien présente.

Tout se dit en douceur avec Michel Barnier

Avec Michel Barnier, tout se fait et se dit toujours en douceur. La menace est proférée avec une humilité mise en scène. Il reconnaît volontiers qu'il peut être censuré à tout moment. "Je le sais depuis le début", a-t-il dit, mais cela le sert. Car en sous-texte, il dit : moi, je n'ai pas peur, parce que je sais que je suis fragile. En revanche, vous, vous vous croyez forts, mais si vous déclenchez le chaos, et que ce chaos nuit aux gens, vous en paierez le prix politique.

À écouter aussi

RTL Soir

CENSURE - Les électeurs du RN favorables à la chute du gouvernement

04/12/2024 à 18:36 - 01m46s

C'est une technique vieille comme le monde. Machiavel en parlait déjà dans Le Prince, au chapitre 9, qui est en quelque sorte la bible de la politique. Il écrivait ceci, je le cite : "quelqu’un qui devient prince contre le peuple et avec la faveur des grands, doit-il avant tout chercher à se gagner le peuple." Il est devenu Premier ministre par le jeu politique, celui des grands, donc. Et là, il cherche un soutien populaire contre ces mêmes grands. C'est osé, mais malin. Le spectacle à l'Assemblée ces derniers mois est absolument consternant. Alors, il n'est pas sûr du tout que cela suffise à le sauver.

À lire aussi

Élections législatives

Législative à Paris : Michel Barnier investi par Les Républicains, Rachida Dati annonce sa candidature