ÉDITO - Canicule : "Alerte aussi pour François Bayrou, qui a annulé un déplacement", analyse Étienne Gernelle

François Bayrou a annulé un déplacement prévu le 30 juin à Chartres en raison de la canicule qui frappe le pays. Et ça, c'est loin d'être anodin parce que les phénomènes climatiques riment souvent avec bourde politique.

On appelle ça le syndrome Jean-François Mattéi, du nom de ce ministre de la Santé qui, au moment de la grande canicule de 2003 à 15.000 morts, avait été cloué au pilori pour n'avoir pas pris la mesure du drame. Sur le fond, mais aussi sur la forme, certains se souviennent encore de son intervention au journal de TF1 en polo, depuis son lieu de vacances : polémique, commission d'enquête, c'était un fiasco mémorable. 

Cela n'a pas empêché la reproduction de l'erreur. À peine installé à Matignon, François Bayrou avait reçu une volée de critiques pour s'être rendu au conseil municipal de Pau, alors que Mayotte était dévastée par l'ouragan Chido. Il faut croire qu'il a retenu la leçon.

C'est un peu de la com, mais pas seulement : on est quand même plus efficace à son bureau, plus réactif qu'en déplacement où on est forcément très très sollicité. Il faut le préciser, il existe deux types d'erreurs en la matière. La première, c'est de sous-estimer ou de paraître sous-estimer la gravité de l'événement. La deuxième consiste au contraire à surjouer la compassion au détriment de l'action. 

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Par exemple, lors de la catastrophe de Mayotte, il est une erreur que François Bayrou n'a pas commise, celle de se précipiter sur place, ce qui aurait mobilisé des forces de l'ordre plus utiles ailleurs. La difficulté, c'est que les erreurs ne pardonnent pas, mais que même si l'on n'en commet pas, on est sûr d'être attaqué.

Il y a un exemple pressant de la matière qui nous vient des États-Unis lors des ouragans Hélène puis Milton en septembre et octobre dernier, soit quelques semaines de l'élection présidentielle. Donald Trump en avait profité pour attaquer Joe Biden et Kamala Harris, la vice-présidente, mais aussi sa rivale pour la Maison-Blanche. Le tout à grands coups de fausses informations. 

Par exemple, il avait prétendu que Kamala Harris avait dépensé tout l'argent destiné aux secours d'urgence afin de loger des migrants illégaux. Bref, les événements climatiques extrêmes sont des sujets de prédilection pour les populistes de tous bords, comme d'ailleurs le phénomène de fond qui en explique l'intensité et la fréquence. Je parle bien sûr du changement climatique. C'est le moment de garder la tête froide.