"Dîners de Bercy" : retour sur la stratégie d'influence du candidat Macron entre 2014 et 2016

Une enquête lève le voile sur ce que la presse a baptisé "les dîners de Bercy" qui auront propulsé Emmanuel Macron à l'Élysée. Le président et son épouse Brigitte auraient organisé des dîners mondains avec de l’argent public (120.000 euros) lorsqu'il était encore ministre de l’Économie, entre 2014 et 2016, selon l'émission Complément d’enquête sur France 2, jeudi 3 février.

Les dîners et apéros étaient destinés au réseautage, et notamment à séduire le monde culturel parisien. Parmi les invités, dont les noms ont fuité dans la presse, figurent Fabrice Luchini, Guillaume Gallienne, Pierre Arditi. "J'avais le sentiment que c'étaient des gens qu'il avait l'habitude de fréquenter", raconte Stéphane Bern, qui était alors "le petit nouveau". 

"Emmanuel Macron n'est pas du tout un mondain à la base. Ce n'est pas quelqu'un qui sort, c'est plutôt le registre de Brigitte... Il était alors enfermé dans ses dossiers, très peu connu du grand public. Il fallait qu'il acquiert en peu de mois une notoriété, ça faisait partie d'une stratégie d'influence", analyse le journaliste Marc Endeweld, auteur de L'Ambigu Monsieur Macron.

Une enveloppe annuelle dilapidée en 8 mois

Pour organiser ces dîners, Emmanuel Macron met à disposition son logement de fonction, un duplex qui surplombe la Seine. "C'est un emplacement assez sensationnel", reconnaît Christian Eckert, qui a vécu dans ce logement quand il était secrétaire d'État au budget. La stratégie des dîners est payante : le carnet d'adresses des Macron s'étoffe. 

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À quel prix... Quand Emmanuel Macron démissionne du ministère de l'Économie, le 31 août 2016, "l'ensemble des crédits de l'année est consommé, il n'y avait plus d'argent pour le fonctionnement du ministère", déclare Christian Eckert. Celui qui est devenu président a utilisé l'ensemble des frais de représentation, une enveloppe annuelle destinée aux invitations professionnelles (120.000 euros en 8 mois). "Sauf que cela pose un souci : la liste des invités (non contrôlée, ndr) n'a pas de lien direct avec les attributions du ministre. 

"Bercy et les moyens logistiques d'un ministre de Bercy ont, à l'évidence, servis en partie de piste d'envol pour le candidat Macron", conclut Christian Eckert.