François Hollande l'a longtemps maudit : le timing. L'ancien président de la République qui avait décidé de ne pas se représenter à la fin de son mandat a confié à plusieurs reprises avoir pris sa décision "trop tôt". Il y a cinq ans, Emmanuel Macron avait attentivement observé cette situation depuis le premier rang.
Dans un rapport de forces différent de celui de son prédécesseur, le président de la République est aussi face à la notion du temps. Celui de trouver la bonne temporalité pour annoncer sa candidature à l'élection présidentielle de 2022.
Une situation qui n'a rien d'inédit au regard de l'histoire de la Vème République. Cependant, Emmanuel Macron compose avec un élément inattendu qui est celui de la crise sanitaire. Les vagues et les variants rendent plus délicats une éventuelle annonce de candidature.
Gabriel Attal, estime que le moment adéquat n'est pas encore arrivé. Sur Franceinfo ce 1er février, le porte-parole du gouvernement assure que les Français "ne comprendraient pas" une annonce immédiate de candidature, dans un tel contexte. "Vous avez beaucoup de sujets aujourd'hui qui nécessitent sa mobilisation totale (...) et qui laissent peu de place pour s'exprimer sur une campagne", a-t-il expliqué. De là à reporter une officialisation de sa candidature ? Le mystère reste entier.
Qu'à cela ne tienne, les soutiens du chef de l'État sont, eux, entrés dans le vif du sujet en s'attelant à la préparation de la campagne : parrainages, financement, programme... La mobilisation est générale au sein des troupes macronistes. Un des responsables de La République En Marche confirme que "l'organisation de la campagne" est en train de prendre forme, à travers un "groupe de travail". "Il faut que la machine soit prête à être pilotée", le cas échéant, explique-t-il.
En réunion de groupe à l’Assemblée nationale, le patron des députés LaREM, Christophe Castaner a invité les députés de la majorité à "renvoyer rapidement le formulaire des parrainages, pour que la question soit derrière (eux) assez vite".
À l'image de l'attitude adoptée tout au long de ce quinquennat, Emmanuel Macron ne compte pas se faire dicter son agenda politique. "Il installe les choses, il prend le temps", explique un cadre de la majorité. Traduction : il instille dans l'esprit des Français et surtout de ses adversaires politiques l'idée que sa candidature est une question de temps. C'est pourquoi le chef de l'État a avancé par étapes.
Première étape : créer l'attente. Emmanuel Macron se montrait flou sur ses ambitions en décembre dernier. Interrogé sur son éventuelle candidature, le président avait répondu en assurant qu'il gouvernera "jusqu'au dernier quart d'heure". Deuxième étape : placer des pions. Début janvier, dans un long entretien face aux lecteurs du Parisien, Emmanuel Macron confiait son "envie" de se présenter à nouveau. "Il n'y a pas de faux suspense (...) Dès qu'il y a aura les conditions sanitaires qui le permettent et que j'aurai clarifié ce sujet (...) je dirai ce qu'il en est", expliquait-il.
Troisième étape : feuilletonner et scénariser. En déplacement dans un lycée agricole en Haute-Vienne, un jeune Français âgé de 18 ans a posé la question dans bon nombre d'esprits. "J’ai 18 ans, du coup ça sera ma première élection. Est-ce que vous vous représentez ?", a-t-il demandé à Emmanuel Macron. Réponse du Président : "En temps voulu, j’annoncerai ma décision. Je vais déjà continuer à me battre jusqu’au bout (...) Comme vous l’avez démontré vous-mêmes, on a encore beaucoup de choses à faire. Si tout avait été réglé… Ce n’est pas le cas". La conclusion à elle seule vaut tous les discours : "Réponse au prochain épisode".
La candidature d'Emmanuel Macron va déclencher le lancement de la campagne dans la tête des électeurs
Un élu LR
Quatrième étape : faire durer le suspens. Dans un entretien à La Voix du Nord publié le 1er février, Emmanuel Macron n'a toujours pas officialisé sa candidature, appuyant une fois de plus son rapport au temps. "J’ai d’abord l’obsession que la phase aiguë de l’épidémie et le pic de la crise géopolitique actuelle soient derrière nous. Je ne peux pas raisonnablement expliquer aux Français que je vais m’adonner à ce temps démocratique important, alors que je leur ai dit que je serai président jusqu’au bout et que nous avons une crise à la frontière ukrainienne qui menace notre sécurité collective", a-t-il expliqué.
Ce tempo propre à Emmanuel Macron donne une sensation de flottement dans la campagne à en croire le clan Pécresse. Dans l'entourage de la candidate, on dresse le constat que les Français "ne sont pas encore dans la campagne". "La candidature d'Emmanuel Macron va déclencher le lancement de la campagne dans la tête des électeurs", explique un élu Les Républicains.
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