Lors de son allocution télévisée d'hier soir, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé deux types de mesures de soutien à l'économie face à la crise sanitaire du coronavirus. Celle de court terme d'abord, avec le financement du chômage partiel. Il s'agit d'un dispositif qui permet de faire financer, par l'État, partiellement jusqu'ici, la rémunération des salariés rendus inactifs. Ils ne sont pas licenciés, mais ne travaillent plus à cause de la chute d'activité, comme dans les restaurants ou les salons, et sont payés par l'État le temps nécessaire. Cela vaudra aussi pour les indépendants. L'autre mesure, c'est le report pur et simple des cotisations et impôts des entreprises dus au mois de mars, sans pénalité. Et il y a une autre série de mesures, de moyen terme, pas encore détaillées hier par le chef de l'État, qui s'inscrira dans le cadre d'un futur plan de relance de l'économie.
Ces mesures sont un bon début, mais tout dépendra des montants. Les munitions ne semblent pas comptées. Le chef de l'État a répété trois fois les mots : "quoi qu'il en coûte". C'est une référence évidente au "whatever it takes", les trois mots du même sens prononcés par l'ancien patron de la Banque centrale européenne à l'été 2012. Cela veut dire qu'on va dépenser, pour lutter contre l'épidémie, non pas des milliards, mais des dizaines de milliards d'euros, rien que pour la France.
Le président a également parlé d’une relance coordonnée avec nos voisins, mais cela semble plutôt être des vœux pieux. Chacun des pays européens a tiré dans son coin. Emmanuel Macron lui-même a envoyé une sorte de gifle à la BCE et sa présidente, Christine Lagarde, en estimant que son travail n'était pas suffisant. L'heure ne semble pas être à la coordination.
La fermeture des écoles risque par ailleurs de priver les entreprises de nombreux salariés, qui garderont leurs enfants. En Italie, cette mesure est, aujourd'hui, le principal facteur de désorganisation de l'économie. On en comprend le bénéfice éventuel en terme de contamination, mais elle a un coût élevé pour l'économie. Sans compter que le président est resté mutique sur un aspect essentiel : qui va payer le salaire des parents collés pour garder leurs enfants sans école ? Aujourd'hui, les entreprises ne donnent guère que quelques jours payés en cas de maladie de l'enfant, mais qu'en sera-t-il dans les circonstances actuelles ? Et si la situation se prolonge plusieurs mois ?
Le président de la République a aussi évoqué des "décisions de rupture". Il a prononcé ces mots après avoir exalté le bien précieux qu'est une santé gratuite et universelle, qui doit être mise, nous a-t-il dit, "en dehors des lois du marché", et dans le champ de la "souveraineté". Il s'agit sans aucun doute d'investissements publics dans la santé pour la mise à niveau de notre système. Le "quoi qu'il en coûte" s'applique ici aussi. Et pourquoi pas des investissements dans une filière de production de médicaments intégralement française, alors que la crise sanitaire révèle notre dépendance problématique vis-à-vis des chaînes de fabrication internationales ?
Commentaires
Afin d'assurer la sécurité et la qualité de ce site, nous vous demandons de vous identifier pour laisser vos commentaires.
Cette inscription sera valable sur le site RTL.fr.