Après 21 jours de confinement, beaucoup de gens se projettent dans l’après crise. Après, ça sera mieux, ou pire qu’avant ?
Une façon de répondre simplement à cette question est de dire : ça dépend si vous êtes par nature optimiste ou plutôt pessimiste, parce qu’il y a de tout. Les journaux sont remplis de tribunes sur "le monde d’après". Des politiques, des philosophes, des historiens, des scientifiques imaginent ce que seront les lendemains, et ce qui devra changer. Et heureusement, globalement, ceux qui y réfléchissent préfèrent envisager le meilleur à leur façon.
Entre ceux qui défendent l’interventionnisme d’état, d’autres le libéralisme. Ceux qui prônent le repli, le souverainisme, l’écologie, la coopération ou la grande planification : il y en a, vraiment, pour tout le monde. À défaut d’être prophétique, le fait de penser aux lendemains permet de s’échapper un peu de nos conditions de confinés, et de nos vies, pas forcément ralenties, mais bien chamboulées.
Penser au lendemain permet aussi de se changer les idées
Olivier Bost
Pour beaucoup, ça peut sembler décalé de se soucier aujourd’hui, de ce qui pourrait changer, après-demain, ça se comprend. Nous sommes encore en confinement, et nous ne savons ni quand, ni comment, nous allons en sortir. La pandémie pourrait connaître une deuxième, voir une troisième vague. C’est décalé aussi de penser à la suite pour tous ceux qui sont les plus impliqués dans la crise. Mais penser au lendemain permet aussi de se changer les idées.
Au gouvernement, il y a ceux qui n’ont aucun moment pour réfléchir à autre chose que le moment présent, et puis il y a des ministres qui ont un peu plus de temps. Emmanuel Macron, au dernier Conseil des ministres, leur a demandé de "se préparer au jour d'après", qu'il a évoqué à chacune de ces sorties solennelles.
Tout le monde parle de changements indispensables. Les partis politiques ont lancé leurs réflexions, leurs boîtes à idées. Une soixantaine de députés de la majorité ont aussi lancés, ce week-end, un site internet, façon grand débat. Le Parti socialiste, Europe Écologie les Verts, consultent leur militants. Chez Les Républicains, ça fait débat pour l'instant entre eux. Mais ils ont déjà, pour beaucoup, tous l’idée, déjà bien installée, que ce sont eux qui ont ou qui avaient raisons avant tout le monde.
La crise vient valider leurs solutions. La fin de la mondialisation, la fin de la rigueur budgétaire, la redécouverte des services publics. Qu’importe s’ils ont fait l’inverse au pouvoir, ou s’ils n’ont jamais exercé le pouvoir, ils ont raison.
Il y aura forcément des changements… mais lesquels ? Ce que décrivent aussi des ministres, c’est la dure réalité de cette crise. Le virus est un puissant révélateur d’inégalités. Ce n’est pas pareil d’être confiné dans sa résidence secondaire en bossant en télétravail, sans se faire trop de souci pour son emploi, que d’être au chômage partiel dans l’angoisse de garder son travail, ou dans un métier où les contacts sont permanents.
Le spectre d’une crise sociale inédite, à cause de la crise économique, est dans les esprits. D’où la question, pour tous ceux qui cogitent sur les lendemains du coronavirus, assisterons-nous finalement au retour aux affaires courantes ? À une vraie transformation de nos sociétés ? Ou a une saison 2 des "gilets jaunes", d’un ras le bol qui va exploser ? Le jour d’après est encore loin. Nous avons encore un peu de temps pour y réfléchir.