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Commission européenne : Thierry Breton se démène pour écarter les soupçons

L'ancien ministre de l'Economie brigue un très vaste portefeuille comprenant la politique industrielle, le marché intérieur, le numérique, la défense et l'espace.

Thierry Breton, le 3 juin 2019
Crédit : STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Marie-Pierre Haddad & AFP
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Il pourrait devenir le premier grand patron promu commissaire européen. Thierry Breton, l'ancien PDG d'Atos, se démène pour minimiser les soupçons de conflits d'intérêts à l'approche de son audition au Parlement européen.

L'ancien ministre de l'Economie (2005-2007), désigné par Emmanuel Macron pour siéger dans l'exécutif européen à compter du 1er décembre, brigue un très vaste portefeuille comprenant la politique industrielle, le marché intérieur, le numérique, la défense et l'espace. Il entamera la semaine prochaine un parcours du combattant face aux eurodéputés, qui analyseront d'abord sa déclaration d'intérêt, avant de l'auditionner si la première étape est franchie.

L'exercice a déjà été fatal à trois aspirants commissaires, dont le premier choix de la France, Sylvie Goulard, écartée par le Parlement européen pour des raisons éthiques.

Un risque de conflit d'intérêts ?

Or, avec son profil inédit de figure du CAC 40, passé par Thomson (1997-2002) et France Télécom (2002-2005) avant le groupe de services informatiques Atos (2009-2019), Thierry Breton est particulièrement exposé et a déjà suscité des critiques à gauche. "Etant donnés les risques de conflit d'intérêts, sa déclaration va être soigneusement étudiée", prévient-on chez les socialistes.

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D'autant plus que son portefeuille comprend des sujets en lien direct avec Atos, comme l'intelligence artificielle, les supercalculateurs ou encore la cybersécurité. "Il va se retrouver dans des situations compliquées quand il faudra intervenir en matière de politique industrielle, de défense et bien sûr dans le numérique", résume l'eurodéputé écologiste Yannick Jadot.

Pour éviter les soupçons, l'intéressé a annoncé à l'AFP, via son entourage, qu'il aura cédé la totalité de ses actions avant d'entrer en fonction.

26 millions d'euros bruts

Selon les documents disponibles auprès de l'Autorité des marchés financiers (AMF), il dispose encore aujourd'hui de 579.705 actions Atos (40 millions d'euros bruts au cours actuel) et 104.734 actions de l'ancienne filiale Worldline (environ 5,7 millions d'euros bruts).

Si les montants sont élevés, c'est que la valeur d'Atos "a été multipliée par dix", affirme son entourage, soulignant que les cessions de titres seront taxées "à hauteur de 62%". Le reste viendra s'ajouter aux près de 26 millions d'euros bruts de rémunération engrangés comme PDG d'Atos et aux quelque 28 millions d'euros bruts d'actions Atos et Worldine cédées depuis 5 ans. Il gagnerait 20.000 euros mensuels nets en tant que commissaire.

Breton a quitté son poste à la tête d'Atos

Avant même d'être confirmé à la Commission, Thierry Breton a également quitté son poste chez Atos, mais aussi, toujours selon son entourage, les mandats qu'il exerçait au sein des conseils d'administration de Worldline, Carrefour, de l'opérateur téléphonique sénégalais Sonatel et d'une filiale française de Bank of America.

"Aujourd'hui il n'a plus d'intérêts, de liens avec la compagnie qu'il dirigeait", a récemment insisté la secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Amélie de Montchalin. Il sera remplacé, à la tête d'Atos par Elie Girard, "soigneusement préparé" à cette succession depuis dix ans.

Au sein de la future équipe emmenée par l'Allemande Ursula von der Leyen, Thierry Breton compte aussi "se déporter" des questions directement liées à Atos, selon plusieurs sources. "La situation l'exige", estime l'eurodéputé Stéphane Séjourné (Renew), membre de la commission parlementaire qui sera chargé d'examiner la déclaration d'intérêts de Thierry Breton.

Un portefeuille moins large ?

Dans le passé, la Néerlandaise Neelie Kroes, commissaire à la Concurrence de 2004 à 2010, avait été contrainte de se mettre en retrait des dossiers liés aux nombreuses entreprises avec lesquelles elle avait collaboré, face aux vives critiques des eurodéputés. La proximité de Thierry Breton avec d'autres patrons du CAC 40, comme Bernard Arnault (LVMH), deuxième fortune mondiale selon Forbes, pourrait aussi susciter les interrogations des eurodéputés. 

"Si on entre là-dedans, on épluche la vie personnelle des gens et tout devient suspect", balaye Stéphane Séjourné. Thierry Breton bénéficiera en revanche du fait qu'il sera politiquement difficile pour les eurodéputés de rejeter un nouveau candidat d'Emmanuel Macron sans plonger les institutions européennes dans la crise

Le Français semble d'ailleurs avoir les faveurs de la droite européenne, qui avait torpillé la candidature de Sylvie Goulard. Mais il n'est pas exclu que les eurodéputés demandent à réduire la taille de son portefeuille qui "fait sourciller" parmi les Etats membres.

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