Emmanuel Macron a donc présenté officiellement la candidature de Thierry Breton au poste de commissaire européen à Bruxelles. Un grand patron pour un grand portefeuille. Le portefeuille, c’est le marché intérieur, un domaine-clé parce qu’il s’attache à faciliter la circulation des produits au sein de l’Europe. A cela s’ajoute le numérique, l’espace et la défense. Trois domaines où l’Europe a besoin d’affirmer sa souveraineté, dans un monde où les grandes puissances se heurtent de plus en plus. C’est un poste stratégique à Bruxelles.
Alors, Thierry Breton est-il l’homme de la situation ? C’est incontestable. C’est un animal hybride, qui a multiplié les expériences de grand patron, à la tête de Thomson ou de France Télécom, l’une et l’autre étant d’ailleurs en faillite lorsqu’il les a reprises, mais qui a aussi une carrière politique, ayant été ministre de l’Économie et des Finances de Raffarin et de Villepin, lors du second mandat de Jacques Chirac.
Il a aussi enseigné à Harvard, il a écrit des romans de science-fiction, il a été le créateur d’un parc d’attraction à succès, le Futuroscope, près de Poitiers, lorsqu’il était proche du président de la Région, René Monory. En clair, c’est le chat à sept vies.
Fait -il vraiment partie de l’establishment ? Oui, d’abord parce qu’il dirigeait jusqu’à aujourd’hui Atos, un géant français de services numériques pour les entreprises, qu’il a considérablement développé.
Ensuite parce qu’il est administrateur de Carrefour, et patron du comité de rémunération de ce groupe, le comité qui fixe le salaire des dirigeants du distributeur. Il occupe aussi une fonction singulière, il est président d’un petit conseil, créé par Bernard Arnault, le patron de LVMH, chargé de protéger les intérêts de l’entreprise et des héritiers d’Arnault si celui-ci décédait accidentellement. Autant dire que c’est un homme de confiance de la seconde fortune mondiale.
Alors tout cela fait-il des conflits d’intérêts potentiels, s’il supervise l’économie européenne ? C’est ce que disent certains politiques français, qui redoutent, ou souhaitent, parfois, qu’il soit boulé par le Parlement européen, comme l’a été sa prédécesseur Sylvie Goulard. Ca se discute, franchement. Il suffit qu’il renonce à tous ses mandats, et qu’il ne prenne pas part aux décisions éventuelles qui affecteraient spécifiquement les entreprises avec lesquelles il a eu des liens, et qu'il fasse gérer son portefeuille d'actions par un tiers. C'est classique. Il avait déjà fait cela lorsqu’il était à Bercy. Et l’avantage de cet inconvénient, c’est qu’il connaît les problèmes de l’économie et des entreprises mieux que quiconque, bien mieux que Sylvie Goulard.
Un scénario à la Goulard est-il envisageable ? Je suis incapable d’anticiper les jeux politiques du Parlement. Mais sur le fond, les deux candidatures n’ont rien à voir. Goulard était payée par un think tank et n’a jamais pu justifier ni de son contrat, ni de son travail.
Breton était payé bien davantage, mais on sait ce qu’il a fait : un géant français des services. Sylvie Goulard avait dû démissionner, en France, de son poste de ministre de la défense, à cause d’une affaire supposée d’emplois d’assistants parlementaires détournés de leur fonction. Rien de tel chez Breton.
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