"La France, accro à la dépense publique". C'est le constat dressé par François Bayrou, à l'occasion de la conférence de presse de ce mardi 15 juillet consacrée au budget 2026. Si les discussions à l'Assemblée nationale auront lieu à la rentrée en septembre, le Premier ministre a souhaité prendre de l'avance et dévoiler des pistes d'économies. Signe qu'une période négociations devrait s'ouvrir avec les groupes parlementaires et les partenaires sociaux dans les prochaines semaines.
Celui qui avait qualifié la situation financière de l'État d'"Himalaya" lors de sa prise de fonctions à Matignon a mis en garde contre "le piège inévitable" de la dette. "C'est notre moment de vérité (...) Plus la dette s’accroît, plus c’est la double peine", a-t-il mis en garde. "Chaque seconde qui passe, la dette de la France augmente de 5.000 euros", a ajouté François Bayrou qui indique vouloir agir avec "justesse et justice".
François Bayrou a présenté la première partie de son plan "réaliste" : "Stop à la dette". "Tout le monde devra participer à l'effort", a prévenu le Premier ministre qui souhaite un "retour à l'équilibre sur quatre ans".
Avant d'arriver sur les mesures concrètes, François Bayrou a précisé celles qui n'apparaîtront pas dans ce plan d'économies. "Pas de baisse des salaires dans la fonction publique, ni de baisse des pensions de retraites", a-t-il déclaré.
En ce qui concerne les annonces, le locataire de Matignon estime que c'est à "l'État de montrer l'exemple" en "stabilisant les dépenses et en réduisant son train de vie". Ainsi, "l'État va diminuer ses charges et reprendre sa maitrise de la masse salariale en réduisant de 3.000 postes d'emplois publics en 2026", hors les postes annoncés dans l'Éducation nationale. Un fonctionnaire sur trois partant à la retraite non remplacé "pour les années qui viennent", a précisé le Premier ministre.
François Bayrou a annoncé aussi la création d'une société foncière pour réduire et gérer le patrimoine de l'État. Premier propriétaire immobilier du pays, l’État possède en effet 196.000 bâtiments et plus de 31.000 terrains, soit 95 millions de mètres carrés. Impossible de valoriser précisément cet empire, mais les estimations se font en dizaines de milliards d’euros.
À cela s'ajoute une nouvelle mesure : "L'État détient aussi des participations dans de grandes entreprises (...) Dans certaines, la participation de l'État pourrait être diminuée sans réduire son influence", a ajouté François Bayrou.
Autre annonce : François Bayrou souhaite doubler à 100 euros la franchise annuelle sur les remboursements de médicaments, dans le cadre d'un plan de réduction de 5 milliards d'euros des dépenses sociales annuelles.
Parmi les autres mesures d'économie figurera également une révision du statut des affections longue durée, avec un déremboursement des médicaments "sans lien" avec la maladie et la "sortie du statut" dans certains cas, a indiqué le Premier ministre.
François Bayrou a confirmé la mise en place d'une "année blanche". "La règle, c'est 'pas plus' mais 'pas moins'", a indiqué le Premier ministre. Suivant ce principe, le locataire de Matignon a expliqué que "l'ensemble des prestations sociales de 2026 seront maintenues "au niveau de 2025" et ne bénéficieront pas d'une revalorisation en fonction de l'inflation. "Les barèmes de l'impôt sur le revenu et de la contribution sociale généralisée seront, eux aussi, maintenus à leur niveau de cette année", a-t-il encore précisé.
Le Premier ministre a réitéré la proposition d'instaurer une "contribution de solidarité" pour "les plus hauts revenus". Cette contribution "devra faire participer à l'effort national les plus hauts revenus", a-t-il dit, en rappelant aussi sa volonté de "lutter contre l'optimisation abusive des patrimoines non productifs".
Prenant le soin d'indiquer qu'il s'agit d'une "proposition", François Bayrou propose la suppression de deux jours fériés. Cela pourrait par "exemple" concerner le "lundi de Pâques" et le "8-Mai".
"La chasse aux niches fiscales inutiles et inefficaces" sera lancée, a annoncé François Bayrou. Et d'ajouter : le dépôt "à l'automne" d'un projet de loi "contre la fraude sociale et fiscale", pour "mieux la détecter, la sanctionner et recouvrer l'argent perdu".
.
Il a également estimé que "des avantages pour frais professionnels pour les retraités ne sont pas absolument justifiés". "Mais il ne faut pas toucher les petites retraites et les retraites moyennes", a-t-il averti.
Citant l'exemple du conclave, François Bayrou souhaite lancer deux négociations concernant l'assurance-chômage et le droit du travail, avec les partenaires sociaux. "Dans les prochains jours, je vais proposer deux négociations, s'ils l'acceptent, aux partenaires sociaux" sur ces deux sujets, a-t-il indiqué. "Nous devons avoir comme but que le travail soit toujours un choix gagnant, qu'il n'y ait plus aucun frein au fait de travailler ou de travailler plus", a insisté François Bayrou.
La possibilité d'une nouvelle réforme de l'assurance chômage avait ressurgi ces derniers jours, malgré le fait que les partenaires sociaux ont conclu un accord en novembre 2024, avec de nouvelles règles pour quatre ans, entrées en vigueur pour la plupart au 1er avril de cette année.
Depuis 2017 et l'arrivée d'Emmanuel Macron, les règles d'indemnisation ont été durcies à plusieurs reprises.
La réforme de 2019, qui n'a été mise en œuvre pleinement qu'après la pandémie en 2021, a notamment conduit à une baisse du niveau mensuel des allocations de 17 à 18% et accéléré le retour à l'emploi vers des emplois "peu durables", selon de récentes évaluations. En 2023, une autre réforme, qui module la durée d'indemnisation en fonction du taux de chômage (contracyclicité), a engendré une réduction de cette durée de 25%. Et l'année suivante, le gouvernement Attal avait présenté un nouveau projet durcissant les conditions d'accès et les règles d'indemnisation, dont les syndicats avaient unanimement dénoncé la "violence". Une réforme finalement suspendue au soir du premier tour des législatives.
François Bayrou a proposé d'instaurer "une taxe sur les petits colis", afin de "protéger nos commerces et nos producteurs de la marée de concurrence déloyale qui les assaille", lors d'une conférence de presse visant à présenter un plan drastique d'économies pour le budget 2026.
Le chef du gouvernement a appelé à des "changements dans nos modes de consommation", "en encourageant davantage les circuits courts et les commerces de proximité". Dans un contexte de crainte d'un afflux de produits chinois en Europe en conséquence de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, la France avait proposé fin avril de faire payer "des frais de gestion" sur les colis d'une valeur de moins de 150 euros entrant en Europe, dont neuf sur dix proviennent de Chine. 800 millions de ces colis ont été livrés l'an dernier en France, sur un total de 1,5 milliard de colis.
Face à une séquence hautement politique, François Bayrou a indiqué que "ces plans n'ont pas été pensés par le gouvernement en solitaire". Une façon pour le Premier ministre de désamorcer toutes critiques de la part des oppositions.
François Bayrou reconnaît que la situation politique lui est défavorable. "Il n'y a que des risques" pour l'exécutif, a-t-il souligné. "Le gouvernement n'a pas de majorité, il arrive même que ses soutiens ne soient pas convaincus", constatait-il. Le Premier ministre a ajouté que "le gouvernement ne cherche pas à se préserver et à durer (...) Il veut changer les choses, qu'importe le risque". Un message adressé à ses adversaires au sein du socle commun mais aussi dans le reste de l'échiquier politique.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte