Brexit : 41% des Français le souhaitent car "ils pensent que l'Europe est déjà devenue trop anglaise", juge Alain Duhamel

L'étude comparative de TNS Sofres sur l'hypothèse du Brexit menée en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Espagne, en France et en Pologne révèle que la majorité des Européens souhaite que le Royaume-Uni reste dans l'Union, y compris les Britanniques eux-mêmes. 

Il y a plusieurs raisons à cela et la première est économique : "C'est la 2e économie européenne, c'est le premier centre financier, c'est une pompe à investissement", rappelle Alain Duhamel. De plus, ce départ "déréglerait forcément les marchés". Politiquement, "la Grande-Bretagne est, avec la France, celle qui a la défense et la diplomatie la plus active et la plus influente". En cas de Brexit, toute l'Union serait reléguée "en deuxième division". Enfin, il y a une raison psychologique : "Dans un divorce, tout le monde perd quelque chose. Et puis, il y a une part prospective qui est : et s'il y a un phénomène de contagion ?"

Les Français se souviennent des leçons de de Gaulle

Malgré cela, la France semble être le pays qui regretterait le moins le départ du Royaume-Uni. Nous sommes le seul des cinq pays à pronostiquer que les Britanniques vont nous quitter et les Français "sont ceux qui sont les plus nombreux à le souhaiter", à 41%. Il y a deux raisons : "la première est historique, c'est le général de Gaulle. Il a claqué deux fois la porte de l'Europe au nez des Britanniques, il a annoncé à l'avance que les Britanniques voudraient changer les règles et rester plus proches des Américains, il a eu complètement raison." Une leçon bien retenue et, quelques décennies plus tard : "Les Français ne pleureraient pas si les Britanniques sortaient parce qu'ils pensent que l'Europe est déjà devenue trop anglaise".

L'autre raison, c'est le pourcentage de Français qui ont envie de sortir de l’Europe et se disent : "Ils vont peut-être nous donner l'exemple". La surprise, en revanche, vient des Britanniques eux-mêmes qui ne souhaitent pas le Brexit malgré l'image que donne la presse britannique "violemment anti-européenne". "Les Britanniques sont à la fois des insulaires et des pragmatiques", rappelle Alain Duhamel. "En tant qu'insulaires, ils tiennent à leurs traditions et leurs différences", mais ils savent aussi depuis l'étude du trésor britannique et l'avertissement des économistes que le Brexit serait synonyme de baisse du niveau de vie. "Les plus jeunes et les plus qualifiés sont du côté de ceux qui veulent rester en Europe et les plus âgés et les plus nostalgiques sont du côté de ceux qui voudraient s'en aller à toutes jambes."