Le risque, c'est le ralentissement des échanges avec le Royaume-Uni, dans les deux sens, si les frontières commerciales étaient rétablies. Un institut allemand, Prognos, vient de publier une étude là-dessus, qui chiffre l'opération à plusieurs centaines de milliards d'euros par an pour l'Europe. Mais ce chiffre n'a pas grand sens. Car même si l'Angleterre quittait l'Union européenne, elle pourrait très bien intégrer l'Association européenne de libre-échange (AELE), comme la Norvège par exemple, qui permet de faire circuler sans entrave et dans droits de douane les produits d'un pays à l'autre.
Les Britanniques ne feraient pas partie des politiques européennes communes (la PAC, par exemple) et géreraient leurs frontières extérieures seuls, sur une base nationale. Il faut noter que déjà aujourd'hui, ils ne font pas partie des accords de Schengen. Ils ont donc préservé des frontières pour la circulation des personnes. Au plan économique, cela veut dire qu'il n'y aurait probablement pas grande différence avec aujourd'hui, ni pour nous, ni pour eux.
La City, le secteur financier, fait semblant de s'inquiéter, là encore avec des études extravagantes sur les conséquences d'une sortie pour les banques, les mêmes que lorsque l'Angleterre a refusé d'intégrer l'euro, il y a vingt ans, alors que depuis, la City n'a cessé de se renforcer. Le secteur financier londonien et ses 400.000 salariés comptent aujourd'hui pour plus de 10% du PIB britannique. C'est le meilleur centre de compétences financières mondial. Cela ne changera pas du jour au lendemain.
Peuvent-ils alors quitter l'Europe sans problème ? Pas du tout. Ça serait une très mauvaise nouvelle pour l'Europe et pour la France, mais sur un autre plan que l'économie. Pour l'Europe, ce serait un nouveau signe de délitement, après la crise de l'euro et la crise des migrants. Le Royaume-Uni a apporté beaucoup à l'édifice, avec ses critiques de la bureaucratie de Bruxelles. C'est un contrepoids à la frénésie de régulation des Français et des Allemands.
Ce serait aussi la fin de l'Europe de la défense. Il n'y a que deux pays en Europe qui ont une défense solide et une capacité de projection, c’est-à-dire qui peuvent intervenir en dehors des frontières : la France et l'Angleterre. Paris et Londres mutualisent d'ailleurs une partie de leurs moyens militaires. La France et l'Angleterre se pensent l'une et l'autre comme des puissances mondiales, contrairement à l'Allemagne.
Cela occasionne des rivalités de part et d'autre de la Manche, mais aussi des convergences précieuses au moment où la puissance russe se fait à nouveau menaçante et où la crise terroriste ébranle nos pays. Au plan stratégique, l'Angleterre est l'allié fondamental de la France. Son éloignement nous laisserait dans un tête-à-tête problématique avec l'Allemagne.
Pourquoi les Anglais ont-ils finalement la tentation de partir ? Il y a comme chez nous une puissante vague populiste, que l'actuel premier ministre veut contrer avec son opération référendum. Et puis c'est une île, où le sentiment national est plus vivace qu'ailleurs. Souvenez-vous de ce que disait Lord Palmerston, un grand diplomate du XIXème siècle : "Le Royaume-Uni n'a ni ennemis perpétuels, ni amis éternels, rien que des intérêts perpétuels et éternels".
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