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Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau
Crédit : Thibaud MORITZ / AFP
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Une discrétion de façade. Tandis que les députés ont commencé à étudier le projet de budget en commission, Laurent Wauquiez a décidé de faire à nouveau entendre sa voix. Et le calendrier parlementaire y est pour quelque chose : l'examen du budget dans l'hémicycle débute vendredi 24 octobre. Le patron des députés du groupe Droite républicaine a tenu à réaffirmer la ligne de son groupe, résumée en une formule : "Contre toute augmentation d'impôts et de taxe".
Ayant pris soin d'éviter toute déclaration dans les médias sur la chute du gouvernement Lecornu I, mais aussi à propos des brouilles au sein de sa famille politique liées à la présence de ministres Les Républicains au sein du gouvernement, Laurent Wauquiez se lance dans une partie de billard à trois bandes : remettre les députés LR au cœur de la bataille budgétaire, barrer la route aux faiseurs de roi socialistes et le coup le plus important, affaiblir Bruno Retailleau.
De retour d'une diète médiatique, Laurent Wauquiez martèle la ligne directrice qui sera celle de ses députés. "Pendant les deux mois qui vont venir, durant la bataille budgétaire, les députés de droite auront une obsession : protéger les Français contre un budget d'augmentation de taxes et d'impôts", a expliqué l'élu LR de Haute-Loire sur BFMTV le 21 octobre.
L'ancien président de la région Auvergne Rhône-Alpes s'est armé de deux propositions. La première consiste à mettre en place une allocation sociale unique, plafonnée à hauteur de 70% du Smic. La deuxième fait écho à un marqueur fort à droite : le retour intégral de la défiscalisation des heures supplémentaires, une mesure phare héritée du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Cette dernière aurait de bonnes chances d'aboutir à en croire l'entourage du chef des députés LR, puisqu'elle obtiendrait les faveurs de Sébastien Lecornu.
Après avoir laissé champ libre à ses députés de voter ou non la confiance à François Bayrou, puis soutenu ses députés souhaitant une non-censure du gouvernement Lecornu, Laurent Wauquiez fait de la bataille budgétaire, un nouveau face-à-face avec Bruno Retailleau. Le président des Républicains a indiqué, dans un entretien au Figaro, qu'"en l'état, le projet de budget de l'exécutif est invotable par la droite, car le gouvernement veut faire payer aux Français les délires et les vieilles lunes socialistes pour s'acheter du temps !".
Toujours dans Le Figaro, Laurent Wauquiez réplique. "Je me méfie des météorites en politique", lance-t-il en adressant une pique à peine voilée au sénateur vendéen. La suite est encore plus directe : "Nous avons donné la pire image de la droite, celle de l’incohérence (...) Je pourrais m’en réjouir : ce n’est pas un secret, tout le monde sait que la relation avec Bruno n’a pas été facile. Mais comment pourrais-je me réjouir ? Ma famille politique va mal", dénonce-t-il.
Cette stratégie laisse un proche de Laurent Wauquiez dubitatif. "Quand on lit les déclarations de Bruno Retailleau, c'est comme s'il fixait une ligne rouge au gouvernement. Or, la question n'est plus de négocier avec Sébastien Lecornu, mais de se battre au Parlement. Bruno Retailleau n'a pas les codes du Parlement", critique-t-il auprès de RTL.
Bruno Retailleau a tout torpillé, il s'est aliéné les députés et il entraîne tout le monde vers le bas
Un député du clan Wauquiez à RTL.fr
Un député du clan Wauquiez enfonce le clou. "Un président de parti doit permettre qu'on s'élève un peu, pas qu'on s'enferme dans une secte", explique-t-il à RTL en évoquant les menaces d'exclusion proférées par Bruno Retailleau à l'encontre des ministres LR. Sa conclusion est fatale : "Il a tout torpillé, il s'est aliéné les députés et il entraîne tout le monde vers le bas".
Un autre parlementaire qui souhaite se tenir à distance de la guerre de chef garde cependant en mémoire, les déclarations de François-Xavier Bellamy au moment du vote des motions de censure. "Si j’étais député à l’Assemblée nationale, je voterais pour la censure du gouvernement", défendait-il au Figaro. "Un planqué", selon l'élu qui nous précise qu'en cas de dissolution et donc de législatives anticipées, ce dernier n'aurait pas eu à batailler sur le terrain.
Les tensions entre Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau ont fait renaître une guerre intestine à droite, celle entre députés et sénateurs. Fort d'un groupe de 50 députés, où Michel Barnier vient de faire son entrée, l'entourage de Laurent Wauquiez ne peut s'empêcher de voir que des tensions émergent au Sénat. Le président LR de la chambre haute, Gérard Larcher, avait appelé à l'apaisement, lors du Grand Jury RTL - Public Sénat - Le Figaro - M6, allant à contre-courant de la volonté d'exclusion de Bruno Retailleau initialement affiché.
Dans le camp Retailleau, on se refuse à alimenter une nouvelle guerre des chefs à droite. Un lieutenant retailliste y voit une énième tentative de Laurent Wauquiez de "foutre le bordel". À RTL, il qualifie le chef des députés LR "d'éternel candidat à la présidentielle" qui "ne se vit qu'en concurrence avec les autres".
Un proche du président des Républicains pointe des incohérences dans la stratégie de Laurent Wauquiez. "C'est un combat perdu. Il n'est pas en position de force pour exiger des choses au moment du vote du budget. Il a été plus sévère avec Michel Barnier et François Bayrou...", note-t-il auprès de RTL.
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