"Le témoignage de Cécile Duflot va au-delà du seul Denis Baupin", selon Alba Ventura
ÉDITO - Cécile Duflot a raconté son agression par l'écologiste Denis Baupin devant le tribunal de Paris, jeudi 7 février.

Elle n'en avait jamais parlé jusque là. C’est dans un contexte assez particulier que Cécile Duflot s’est livrée, en pleurs. Il ne s’agit pas du procès de Denis Baupin, non il s’agit du procès des femmes qui l’ont accusé de harcèlement et agressions sexuelles et de la presse qui a relayé les informations.
En fait la justice avait jugé que les faits reprochés à Denis Baupin étaient prescrits. Ce n’était pas faux, comme l’avait dit le procureur, "les faits sont avérés et corroborés" mais ils étaient prescrits.
Baupin, pour laver son honneur, n’avait rien trouvé de mieux que de les accuser en diffamation .Sauf qu’en portant plainte, il n’a pas vu qu’il remettait un nouveau coup de projecteur sur son propre comportement. Parce que, patatras, Cécile Duflot a finalement décidé de parler publiquement de raconter qu’elle aussi a subi les assauts de Baupin.
Alors là aussi les faits sont prescrits, mais mieux vaut tard que jamais car ils en disent long sur le fait d’être une femme en politique.
Une forme d'omerta ?
C'est terrible ce que dit Cécile Duflot à la barre. Elle dit ses regrets "d’avoir fait partie d’une génération complaisante avec la violence", elle regrette dit-elle encore "sa capacité d’encaisser, une dureté apprise en politique" qui l’a rendue "sourde à l’égard des autres femmes".
Cela en dit long sur le harceleur et sur le statut des femmes en politique. Sur le harceleur, qui au fond se protège derrière l’idée qu’il ne faut pas nuire au parti, parce que ça nuit aux convictions, faut pas abîmer l’image du parti parce que cela abîme aussi le collectif. C’est bien pratique de se retrancher derrière ça.
Sur les femmes en politique, ce qu’exprime Cécile Duflot, c’est que dans ce parti, mais ça existe ailleurs, les femme avaient intégré le fait que cela faisait partie du jeu et qu’il fallait tout simplement savoir se défendre . Il fallait encaisser car ce qui comptait c’était de protéger sa carrière.
Un témoignage qui va au-delà du procès
On peut aimer ou pas Cécile Duflot, son témoignage, aujourd’hui, va bien au-delà du seul Denis Baupin. Parce qu’être une femme en politique c’est supporter tout ça. C’est supporter Stéphane Ravier le sénateur du RN à Marseille qui lundi en plein conseil municipal a proposé à une élue écologiste Lydia Frentzel de le retrouver "au même hôtel, à la même heure" comme on pourrait le dire à une prostituée, alors que l’élue évoquait le fait d’aller faire campagne dans l’arrondissement du sénateur.
C’est supporter Jean-Claude Gaudin le maire de Marseille qui en rajoute au lieu de désapprouver le sénateur et de marquer son respect pour l’élue écolo. Hier Cécile Duflot est enfin sortie de son silence, pour que désormais "les filles n’aient plus à subir ça", a t-elle dit pour dire "non, ce n’est pas le prix à payer".