C'est la première fois qu'elle brise le silence publiquement. Cécile Duflot est au tribunal ce jeudi 7 février. Citée comme témoin par la défense, elle a raconté, la voix pleine de sanglots, cette soirée de mai 2008 à Sao Paulo. C'est là que la secrétaire nationale des Verts de l'époque, est en délégation avec Denis Baupin, alors adjoint au maire de Paris, pour un congrès mondial des écologistes.
Après une journée de travail, elle regagne sa chambre d'hôtel "très fatiguée" - sa dernière fille a à peine deux mois. "Je tire mon lait, parce que je ne veux pas arrêter d'allaiter ma fille, quand je reçois un SMS de Denis Baupin qui me demande mon numéro de chambre parce qu'il a un truc à me dire". "Sans lâcher mon tire-lait, je lui réponds. Dix secondes plus tard, il est à ma porte. J'ai tout de suite vu son regard", dit-elle, expliquant la "panique qui s'empare" d'elle.
"Je savais que tu en avais autant envie que moi", lui dit-il, rapporte Cécile Dufflot. "Il a posé la main sur mon cou", poursuit encore l'ancienne ministre de l'Écologie dans son récit. "Je lui ai dit 'Ça va pas, arrête !'. Il essaie de mettre son pied pour coincer la porte, je lui ai donné un coup de pied au tibia (...) j'ai claqué la porte", relate-t-elle.
Après cet épisode, Cécile Duflot raconte avoir tout fait "pour l'éviter". Mais elle ne dit rien et ne porte pas plainte. Elle ne veut pas être accusée d'instrumentalisation politique alors que Denis Baupin est son adversaire en interne.
Cécile Duflot a alors un regret : sa "capacité d'encaisser", une dureté apprise en politique qui l'a rendue sourde "à l'égard des autres femmes". "C'est une énorme erreur. J'ai été capable de dire à des femmes des choses comme 'Si t'es choquée parce qu'un mec te demande de le sucer, franchement, ça nous arrive tous les jours' ou 'c'est le genre de mec avec qui il est plus facile de coucher que de résister'. C'était une abdication en rase campagne", reconnaît-elle.
Elle évoque les valeurs de son parti, le féminisme, la parité, un côté libertaire, le clivage entre la génération de Dominique Voynet qui l'a précédée et la sienne, "intermédiaire", juste avant #MeToo.
"Finalement, on était très complaisants avec la violence", conclut-elle. Elle "ne doute pas un instant" de la véracité des accusations de militantes écologistes contre Denis Baupin et estime que "maintenant que c'est dit, les filles non seulement auront des responsabilités, mais elles sauront qu'elles ne sont pas obligées de subir ça".
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