Incendie dans l'Aude : génie civil, pompiers et habitants s'unissent pour combattre le feu

Dans l'Aude, les pompiers continuent de lutter sans relâche contre l'incendie, qui est fixé mais pas encore éteint. Depuis mardi, le feu a ravagé 17.000 hectares dans le massif des Corbières, alors qu'une vigilance orange canicule pourrait créer un terrain favorable à la réactivation du feu.

Sur le terrain, le génie civil a pour mission de dégager un chemin afin de permettre aux soldats du feu de passer. Deux bulldozers sont dépêchés sur place pour créer, littéralement, un chemin dans le massif. Devant eux, les arbres s'écartent et la terre est aplatie sous le poids des engins. 

"On pousse, on élargit et on fait au maximum pour qu'on ait les camions qui puissent passer au fur et à mesure. L'objectif, c'est de faire une traversante d'une piste existante jusqu'à une départementale, la départementale 323, qui est un petit peu plus au nord", explique l'adjudant Cédric.

En une matinée seulement, les deux bulldozers dégagent 3,5 km de chemin, d'une largeur suffisante pour un camion de pompier. 

L'action paraît destructrice, pourtant ces hommes respectent le massif. La largeur est calculée pour ne pas trop abîmer la végétation. "On ne va pas faire des pistes énormes. On va faire des pistes où le camion puisse passer. On est là juste pour ça, on n'est pas là pour déforester ou faire des plateformes. Le but, c'est vraiment de faire une piste pour que les camions puissent passer et qu'on puisse protéger tout le massif qui est encore en bon état", poursuit-il. 

La dernière étape est de créer une petite plateforme de quelques mètres carrés seulement pour se recharger en eau. "Si on n'avait pas fait ce travail-là, les pompiers auraient dû attendre que le feu se déplace suite au manque d'itinéraire pour l'atteindre", précise l'adjudant Cédric.

"Très compliqué"

Il y a 24 heures, cette route n'existait pas encore. Au total, plus de 10 kilomètres de chemins ont été créés depuis le début de l'incendie, ce qui a permis aux pompiers de progresser plus rapidement.

Le commandant Galy des pompiers de l'Hérault donne des consignes à quatre colonnes de quatre véhicules. "Nous, on est sur le sous-secteur avant droit et on traite une bordure de pinèdes qui est très active", explique-t-il.

Grâce aux routes du génie civil, ils peuvent pénétrer le massif. "Quand on est en ligne de crête, ça redescend et ça remonte derrière et donc les longueurs d'établissement ne nous permettent pas d'aller le chercher", assure-t-il, précisant que les problématiques de ce massif sont qu'il est "très escarpé, inaccessible aux engins", et "très accidentogène pour les personnels".

Pour lui, comme pour beaucoup de ces hommes, ce n'est pas le premier incendie qu'il traite. Mais il est l'un des plus complexes de sa carrière. "C'est très compliqué, puisque habituellement, un chantier est sectorisé de manière assez simple avec un flanc droit et un flanc gauche. Là, on est sur un flanc droit, un flanc gauche, et chaque flanc est également sous-sectorisé. C'est d'autant plus difficile à gérer, puisqu'il y a de nombreux interlocuteurs", explique le commandant Galy. 

Le feu paraît plus calme, mais ces milliers de pompiers resteront positionnés dans le massif pour surveiller les reprises. Ils redoutent notamment le retour de la tramontane, ce vent chaud et sec qui avait attisé les flammes les premiers jours.

La solidarité des habitants

Si, sur le terrain, leur tâche est difficile, ils peuvent compter sur le soutien de toute une région, qui s'est mobilisée pour les aider comme elle peut. Au bord des routes, de nombreuses pancartes ont été placées. "Merci", peut-on lire sur certaines d'entre elles. 

Puis, il y a ces aires de repos que les habitants ont créées. La salle des fêtes de Fabrezan, par exemple, est désormais remplie de vivres, de boissons, de nourriture et de lits. Les pompiers peuvent s'y reposer, comme l'explique cet élu qui coordonne le lieu. "Ils peuvent venir récupérer des paniers qu'on leur prépare, ou manger sur place quand ils ont le temps. Et on a fait un appel au don, donc il y a eu un élan de générosité énorme sur la commune", se réjouit-il. 


L'occasion pour les bénévoles de dire merci aux soldats du feu. "Parce que franchement, ils ont fait un travail incroyable. En deux, trois jours, ils ont réussi à fixer un feu. C'est un monstre, c'était monstrueux. Ils ont fait un boulot formidable", assure cette habitante. Et la mobilisation restera forte tant que les pompiers seront sur le terrain, assurent les citoyens.

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