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Violences conjugales : 107 femmes tuées en 2024, en hausse de 11% en un an, selon le ministère de l'Intérieur

En 2024, les féminicides ont connu une hausse de 11%. Au total, 107 meurtres de femmes ont été recensées en un an.

Une banderole portant l'inscription "féminicides, pas un de plus" lors d'une manifestation organisée le 20 novembre 2021 à Paris.

Crédit : Alain JOCARD / AFP

Lilly San Juan Paoli & AFP

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Le ministère de l'Intérieur a révélé, le 29 octobre 2025, que 107 femmes avaient été tuées en 2024 par leur conjoint ou ex-conjoint en France. Ce chiffre représente une hausse significative, en un an, de 11%. 

Au total, 138 morts violentes au sein du couple ont été enregistrées par les forces de l'ordre l'an dernier, dont 31 hommes, selon l'étude nationale annuelle sur cette question disponible sur le site du ministère et consultée vendredi par l'AFP.
"En moyenne, un décès est enregistré tous les trois jours", souligne le bilan annuel. En 2024, 403 tentatives d'homicides au sein du couple ont été par ailleurs recensées. La France a été particulièrement marquée par la question des féminicides en 2025, notamment avec le procès de Cédric Jubillar, reconnu coupable, mi-octobre, du meurtre de sa femme Delphine. 

Le profil type de l'auteur reste majoritairement masculin

Ministère de l'Intérieur

Dans le détail, 90% des féminicides et homicides conjugaux ont été commis au domicile du couple de la victime ou de l'auteur, précise l'étude sur "les morts violentes au sein du couple" qui fait état de 49 usages d'arme blanche et de 34 usages d'arme à feu. Trente-et-un pour cent des faits étaient précédés d'une dispute et 16% s'inscrivaient dans le contexte d'une séparation non acceptée.

"Le profil type de l'auteur reste majoritairement masculin, le plus souvent en couple, de nationalité française et n'exerçant pas ou plus d'activité professionnelle", relève le ministère dans son étude. Il est "majoritairement âgé de 20 à 49 ans" avec "un pic particulièrement important des 70 ans et plus par rapport à 2023".

Concernant les victimes, 47% des femmes "avaient signalé ces violences antérieures aux forces de sécurité intérieure et, parmi elles, 81% avaient déposé une plainte antérieure". Une victime bénéficiait d'un dispositif "téléphone grave danger", deux victimes d'une ordonnance de protection et un auteur faisait l'objet d'un placement sous contrôle judiciaire, selon l'étude.

Pour le collectif Féminicides par compagnons ou ex (FPCE), il est temps de mettre fin "à l'impunité". "Les hommes ne sont toujours pas suffisamment sanctionnés, ça leur permet de continuer d'agir jusqu'à ce qu'ils portent le coup fatal", déclare à l'AFP une de ses membres, demandant à s'exprimer au nom du collectif.

"Une cause mal dotée" financièrement

La situation est "absolument dramatique", souligne de son côté Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, pour qui la lutte contre ces violences n'est "clairement plus une priorité nationale". "Cette hausse de nous surprend pas, vu les baisses ou les reports de subventions qui affectent directement les associations, qui doivent fermer ou réduire des permanences" et ne "sont plus en capacité" de protéger les femmes victimes, ajoute-t-elle.

La baisse des subventions "est criminelle, l'État et le gouvernement ne sont pas seulement complices de ces féminicides mais bien responsables de leur survenance", abonde Maëlle Noir, du collectif #Noustoutes, "révoltée" par les chiffres de 2024. Les associations féministes exhortent régulièrement le président Emmanuel Macron, qui a fait à son arrivée au pouvoir de la lutte contre les violences faites aux femmes "une grande cause nationale", à muscler les dispositifs existants et à revaloriser le budget alloué.

Plusieurs rapports officiels (Cour des comptes, Sénat, Assemblée nationale...) ont épinglé "une cause mal dotée" financièrement, déplorant les montants "dérisoires" dédiés. Face aux critiques, le chef de l'État s'est à plusieurs reprises défendu de toute inaction, estimant être "inattaquable" sur ces questions. L'exécutif a notamment mis en avant un soutien financier accru à la ligne d'écoute associative 3919 destinée aux femmes victimes de violence, le déploiement des téléphones "grave danger" et des bracelets anti-rapprochement, ou encore l'aide universelle d'urgence.

Actuellement, "il n'y a plus de parole politique, or la lutte contre les violences conjugales ce n'est pas seulement agir pendant deux, trois ans, ça doit rester une priorité sur le long terme pour pouvoir produire ses effets", insiste Anne-Cécile Mailfert, qui appelle à manifester le 22 novembre dans le cadre de la Journée de la lutte contre les violences faites aux femmes.

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