Violences faites aux femmes : en France, la lutte est encore inefficace

En 2017 comme en 2022, Emmanuel Macron avait érigé la question des violences faites aux femmes comme "la grande cause nationale". Pourtant, les drames se déroulent encore trop souvent en France. En 2025, trois femmes ont été tuées par leur conjoint.

Dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier 2025, Isabelle Mortaigne, 51 ans et mère de deux enfants de 24 et 19 ans, est morte sous les coups de son compagnon à Hautmont (Nord). Le samedi 4 janvier, une autre femme, âgée de 54 ans, a été poignardée à mort dans le sud de la Nouvelle-Calédonie par son conjoint.

Ce mercredi 8 janvier, c'est dans l'Essonne qu'un féminicide a été commis. Une femme de 34 ans a été retrouvée morte à son domicile de Brétigny-sur-Orge. Alertés par les voisins, les policiers sont intervenus en pleine nuit, mais n'ont pas pu la sauver à temps. Le mari, âgé de 32 ans, s'est jeté sur les forces de l'ordre avec un couteau avant d'être arrêté. Il a été déclaré incompatible avec la mesure de garde à vue par les médecins l’ayant examiné et a fait l’objet d’une mesure d’hospitalisation sous contrainte. Il avait déjà été condamné à trois reprises, notamment pour violences par ascendant. Leurs deux enfants, de 7 et 4 ans, ont été mis à l'abri. 

Différents dispositifs mis en place

Si le sujet a donc été érigé en grande cause nationale, les chiffres peinent à baisser significativement. En 2023, 96 femmes sont tombées sous les coups de leur conjoint, selon les derniers chiffres du ministère de l'Intérieur, contre 118 l'année précédente. 

Des données auxquelles il faut ajouter les tentatives de féminicides : 319 en 2023. Ainsi que toutes les violences conjugales du quotidien, celles qui ne sont pas forcément comptabilisées. Les autorités estiment à 373.000 le nombre de victimes en 2022. Parmi elles, seules 16% ont déposé plainte. 

Si, aujourd'hui, les forces de l'ordre et la justice sont souvent pointées du doigt, accusées de ne pas protéger suffisamment les femmes, il serait faux et simpliste de dire qu'elles ne font rien. Car un homme violent est systématiquement présenté à la justice et est, au minimum, placé sous contrôle judiciaire avant même son procès. 

Avec l'accord de la victime, il peut également être contraint de porter un bracelet anti-rapprochement, un outil qui déclenche l'intervention des forces de l'ordre s'il s'approche de trop près de son ex-conjointe. Un dispositif qui se répand de plus en plus : entre 2022 et 2023, plus de 10.000 interventions ont été déclenchées grâce à ce bracelet. 

À cela s'ajoutent d'autres dispositifs, comme les téléphones graves dangers ou les ordonnances de protection. 

Mais alors, pourquoi les chiffres de violences faites aux femmes ne baissent-ils pas plus vite ? Peut-être parce qu'il manque encore une implication de la société toute entière, comme en Espagne il y a quelques années. Le pays est souvent considéré comme un modèle dans la lutte contre les féminicides et les violences faites aux femmes. Dès 2004, l'Espagne s'est parée d'un budget massif. "Depuis cette année-là, ce sont 200 millions d'euros qui sont injectés chaque année pour lutter contre les violences faites aux femmes", expliquait Alyssa Arhabare à RTL.

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