C'est une découverte importante faite par hasard par les autorités. Mercredi 6 septembre, un plombier est appelé pour une fuite d'eau dans un logement à Villejuif (Val-de-Marne). Lors de son intervention dans un appartement du 4e étage, il aperçoit ce qui s'apparent à de l'acétone, composant du TATP. Son réflexe : prévenir les autorités.
Une opération de déminage est alors lancée et permet de mettre la main sur 100 grammes de TATP prêts à l'emploi ainsi que 10 litres de produits permettant de fabriquer des explosifs et des bonbonnes de gaz. Des éléments qui font échos aux techniques terroristes employées par l'organisation État islamique. Trois personnes ont été interpellées, entre mercredi et jeudi. Jeudi, lors d'une perquisition dans un box de Thiais (Val-de-Marne) loué par l'un des deux suspects arrêtés mercredi, les enquêteurs ont trouvé quelques litres de produits chimiques pouvant servir à fabriquer du TATP. Le box servait de lieu de stockage au principal suspect, a précisé une source proche du dossier à l'AFP.
D'autant que des bouts de papiers avec des notes en arabe ont été retrouvés, notamment l'inscription "Allahou Akbar" griffonnée trois fois. De source proche du dossier, ont aussi été découverts dans l'appartement des "moyens mécaniques et électriques pour conditionner un colis piégé".
Depuis mercredi, trois individus ont été interpellés et placés en garde à vue. D'abord deux hommes de 36 et 47 ans arrêtés au Kremlin-Bicêtre, commune voisine de Villejuif. Dans l'utilitaire dans lequel ils ont été interpellés, un mortier en bois et une bouteille d'eau oxygénée ont été retrouvés.
Les deux hommes, dont le propriétaire de l'appartement de Villejuif, sont inconnus des services de police, a précisé une source proche du dossier. Une troisième personne a été arrêtée dans la nuit de mercredi à jeudi. Cet homme de 37 ans, "radicalisé et suivi par la DGSI" (Direction générale de la sécurité intérieure), a été interpellé à Vitry-sur-Seine, dans le même département de proche banlieue parisienne, mais "son lien avec le laboratoire clandestin n'est pas établi à ce stade", ont précisé des sources proches du dossier.
La section antiterroriste du parquet de Paris et la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) se sont saisies de l'enquête. Celle-ci est ouverte des chefs "d'association de malfaiteurs terroristes" et "détention, transport et fabrication de substances explosives en relation avec une entreprise terroriste et en bande organisée".
Pour Gérard Collomb, "ces gens étaient liés au terrorisme", alors que des sources proches de l'enquête se font plus prudentes sur le sujet. "On a pu voir qu'il y avait des coups de téléphones qui avaient été échangés" avec la Syrie, a poursuivi Gérard Collomb, selon qui les deux gardés à vue "nient le caractère terroriste" de l'attaque qu'ils préparaient.
"Ils parlent d'avoir voulu faire sauter des banques avec le TATP, mais ce que l'on voit, c'est qu'ils étaient liés avec le terrorisme, c'est plutôt dans cette direction qu'il faut chercher". Ces personnes "voulaient faire sauter des guichets de banque pour s'approprier des billets, elles nient le caractère terroriste et disent que c'est du grand banditisme", a-t-il précisé.
Le TATP est un explosif ayant été utilisé à plusieurs reprises par des jihadistes. Ce fut notamment le cas lors des attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, ou plus récemment à Manchester. Cet explosif instable peut être fabriqué à partir de produits facilement trouvables dans le commerce. La matière finale se présente sous forme de poudre blanche et dégage une odeur odeur d'ammoniac âcre très caractéristique. Il est baptisé "mère de Satan" par les terroristes de Daesh.
Lors des derniers attentats en Europe, les 17 et 18 août en Catalogne (16 morts et plus de 120 blessés), la cellule jihadiste incriminée préparait du TATP. Dans les décombres d'une maison qui a explosé dans la nuit du 16 au 17 août à Alcanar, les enquêteurs ont mis la main sur 120 bonbonnes de butane, "500 litres d'acétone, de l'eau oxygénée, du bicarbonate, une grande quantité de clous qui devaient être utilisés comme mitraille et des détonateurs pour déclencher l'explosion".
Des investigations sont d'ailleurs toujours en cours pour savoir pourquoi la voiture utilisée par les auteurs de l'attaque de Cambrils en Espagne se trouvait en région parisienne les 11 et 12 août, moins d'une semaine avant les terribles événements.
Interrogé sur des liens éventuels avec les attentats en Catalogne, Gérard Collomb a répondu "c'est peut-être possible, l'enquête nous le montrera (...) on sait que l'Espagne est un lieu de passage pour les filières qui remonteraient du Maroc, il est possible qu'il y ait des liens, mais franchement je n'en sais pas plus". "À ce stade, il n'y a pas d'élément reliant la découverte" du laboratoire clandestin de Villejuif avec la cellule jihadiste en Espagne", a également indiqué une source proche du dossier.
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