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Attentats en Espagne : le jour où Barcelone et Cambrils ont plongé dans l'horreur

RÉCIT - En un peu plus de six heures, l'Espagne a été touchée coup sur coup par deux attaques terroristes. Alors que l'enquête se poursuit, les témoins se rassemblent pour rendre hommage aux victimes. Retour sur une journée d'horreur.

Les hommages se multiplient après les attentats de Barcelone et Cambrils, le 17 août 2017
Crédit : Josep LAGO / AFP
Attentats en Catalogne : minute de silence en hommage aux victimes à Barcelone
00:03:06
Marie-Pierre Haddad & AFP
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En quelques heures, l'Espagne a plongé dans l'horreur. Deux attentats ont été commis, à Barcelone sur La Rambla, puis à Cambrils. Le premier en fin d'après-midi le jeudi 17 août vers 17 heures et le deuxième à minuit. Le dernier bilan provisoire fait état de 13 morts et une centaine de personnes blessées. 28 Français sont blessés, 18 sont hospitalisés dont 8 dans un état grave.

Le groupe État islamique a revendiqué le premier attentat dans un communiqué diffusé par son agence de propagande Amaq et relayé par le centre américain de surveillance des sites jihadistes.

"Les assaillants de l'attaque de Barcelone étaient des soldats de l'État islamique", indique le communiqué, ajoutant que "l'opération a été menée en réponse aux appels à cibler les États de la coalition" internationale antijihadistes opérant en Syrie et en Irak. L'attaque de Cambrils n'a pas encore été revendiquée. 

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Une première attaque meurtrière au cœur de Barcelone

Deux heures du matin dans la vieille ville de Barcelone : effarés, des dizaines de touristes en tenue d'été errent dans l'attente de pouvoir regagner leur hôtels ou locations sur la Rambla où un attentat a tué au moins 13 personnes. Un couple d’Écossais de 64 et 66 ans, hiératiques, scrutent l'entrée La Rambla barrée par un cordon de sécurité. "Nous ne pouvons pas accéder à notre hôtel sur La Rambla, dit l'homme en simple tee-shirt, debout. Nous étions assis au balcon quand l'attentat s'est produit, juste en bas : on a tout vu, la camionnette (qui fonçait sur la foule), la panique partout...". "Mais on ne racontera rien, le coupe sa femme, le regard vide. On a tout dit aux policiers. Ils sont arrivés en deux minutes. Ils étaient très bons."

Quelques heures plus tôt, le cœur de la ville baigné de soleil a été ébranlé par le premier attentat sur le sol espagnol revendiqué par le groupe jihadiste État islamique. Sa cible : la foule qui baguenaudait parmi les kiosques à fleurs et à souvenirs, sur l'allée centrale de La Rambla, l'avenue longue de plus d'un kilomètre qui descend vers la mer. Depuis la petite rue étroite Hospital, Benjamin, Barcelonais de 45 ans, aperçoit l'endroit où la macabre camionnette a percuté un kiosque : "Là où on voit la police scientifique au travail, avec les blouses blanches, vous voyez : c'est là que la camionnette a foncé contre un kiosque".

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Dans la ville aux 1,6 million d'habitants - où 9 millions de touristes dorment à l'année - plusieurs bateaux de croisières attendaient aussi à quai le retour de leurs passagers. La tragédie a surpris la cité dans son ordinaire : le FC Barcelone digérait une défaite contre le Real Madrid, le gouvernement catalan persistait à préparer un référendum sur l'indépendance de la région, une grève des agents de sécurité se prolongeait à l'aéroport...

Mais aussitôt, la ville qui accueillit les jeux Olympiques de 1992 a serré les rangs, solidaire et empressée. La grève à l'aéroport a cessé. Des taxis se sont mis à transporter gratuitement ceux qui le nécessitaient. Des volontaires se sont précipités pour donner leur sang, ont rapporté les médias locaux. Des hôtels voisins des Ramblas offrent refuge et couverture aux touristes venus patienter dans leurs halls. 

Attentat à Barcelone :

Ne partagez pas d'images de l'attentat de Barcelone, c'est ce qu'ils recherchent

Un message envoyé de téléphone en téléphone

Dans le centre privé de ses habituelles festivités de la mi-août, annulées, un silence irréel s'est installé. "C'est une ambiance étrangement calme", constate Remy Gredin, étudiant de 23 ans venu de Marseille, finissant de dîner à une des rares terrasses restées ouvertes sur la Rambla del Raval, une artère parallèle à la Rambla principale. "On attend de rentrer dans l'appartement qu'on loue sur La Rambla, l'attentat s'est passé juste en dessous mais nous étions partis une heure avant visiter le parc Guell", dit-il avec trois autres amis français. Sous les lampadaires, des balayeurs en gilet fluo côtoient des policiers baraqués en civil. 

En chemise blanche, deux serveurs évoquent déjà l'après : "C'était une question de temps (qu'il y ait un attentat en Espagne ndlr) mais on ne savait pas si ce serait à Madrid ou ici, dit Juan Manuel Ruiz, Barcelonais de 43 ans. À partir d'aujourd'hui, ça ne sera plus pareil. Et il ne faudra plus qu'ils laissent rentrer n'importe qui : ce n'est pas une question de racisme mais d'ordre. On vous donne à manger, ne venez pas nous tuer !". Son collègue Marc de la Iglesia, 29 ans, assure au contraire que "ça n'a aucun sens de s'alarmer". "Il faudrait un message d'unité, aider les gens qui ont souffert et que l'image de Barcelone ne soit pas trop endommagée".  

"Nous ne laisserons pas une minorité en finir avec notre manière d'être, qui s'est forgée au cours des siècles, nous sommes et nous serons des gens de paix et d'accueil", a déclaré le président séparatiste de la région, Carles Puigdemont. De téléphone en téléphone, passait le message : "Ne partagez pas d'images de l'attentat de Barcelone, c'est ce qu'ils recherchent"

Une deuxième attaque dans une station balnéaire

Minuit à Cambrils. Markel Artabe avait fini de travailler comme serveur à Cambrils et était sorti manger une glace vendredi quand il a entendu des tirs : juste après Barcelone, la côte catalane subissait une seconde attaque terroriste. "Entre minuit et minuit et demie, nous étions sur la promenade de la plage", raconte à l'AFP ce jeune homme de 20 ans, en short et polo bleu ciel, quelques heures après le drame. "Puis nous avons entendu des tirs et pensé 'ça doit être des fusées'... Mais c'était des coups de feu", ajoute cet employé d'un restaurant de la cité balnéaire de 33.000 habitants, réputée pour ses étés doux, à 120 km au sud de Barcelone, dans le nord-est de l'Espagne. 

D'après la version d'un porte-parole du gouvernement catalan, "des terroristes présumés circulaient à bord d'une Audi A3 et ont apparemment renversé plusieurs personnes avant de se heurter à une patrouille des Mossos d'Esquadra. Et la fusillade a commencé"... Au moins cinq civils et un policier ont été blessés quand le véhicule a foncé dans la foule. Un des civils blessés a succombé à ses blessures, ont annoncé les services d'urgence de Catalogne sur leur compte Twitter. Les cinq occupants de la voiture ont été tués, ont annoncé les Mossos d'Esquadra. Cette force de police régionale avait auparavant déclaré que ses agents avaient abattu "quatre terroristes présumés". Le cinquième est mort des suites de ses blessures. 
                   
Dans la ville survolée en pleine nuit par un hélicoptère, un Parisien de 49 ans, Hassen - son jeune fils dans les bras - lâche quelques mots aux journalistes, avant que sa femme, bouleversée, l'incite à se taire : "On était a l'entrée du port, il y avait un restaurant avec un orchestre... Une voiture a foncé sur un véhicule de police puis s'est renversée...". "C'était pan pan pan, des cris, encore des cris. Moi je me suis jeté au sol sur la plage", témoigne un autre serveur de 21 ans, Joan Marc Serra Salinas, dans un restaurant servant de refuge nocturne aux témoins du drame. "D'après ce qu'on dit ici, ceux qui ont fait (l'attaque) seraient des gens de mon âge". Il dit avoir vu "deux autres personnes mortes qui semblaient être des terroristes parce qu'elles portaient des ceintures d'explosifs". 

Attentat à Cambrils

"Une nuit longue et difficile"

Quelques heures après le premier attentat à Barcelone, Cambrils, comme toute la région, était en état d'alerte puisque la police recherchait le conducteur de la camionnette qui a tué 13 personnes et blessé plus d'une centaine d'autres en fonçant dans la foule. La maire de Cambrils, Cami Mendoza, insiste sur "la rapidité et l'efficacité" de la police catalane, lors d'un point-presse improvisé dans la rue, à 5 heures heures du matin. "Nous sommes consternés (...) c'est une nuit longue et difficile", dit-elle, sans vouloir donner de détails sur l'attaque à la presse maintenue derrière le cordon de sécurité et empêchée d'approcher du bord de mer dont elle n'aperçoit que quelques palmiers.  

Main dans la main dans la nuit, deux touristes venus de Valence, Rey Perry, 43 ans, et Rocio Ordonez, 26 ans, n'en reviennent pas que Cambrils ait pu connaître une telle violence: c'est "une localité touristique tranquille, familiale, où beaucoup se promènent avec des enfants".  Le soleil ne s'est pas encore levé mais la maire assure que "la situation est complètement sous contrôle. Dans quelques heures, Cambrils reviendra à la normale".

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