C'est une sortie de prison qui, au minimum, interpelle. Lundi 13 janvier, la justice a décidé de libérer Flavien Moreau. À 33 ans, ce jihadiste vient de passer sept ans en détention. Il était le premier français condamné à son retour de Syrie en 2013, et alors qu'il était sur le point d'y retourner.
Certes il a purgé sa peine et comme n'importe quel détenu, il est en droit aujourd'hui de retrouver la liberté. Mais reste évidemment la question de son degré de radicalisation. Flavien Moreau se serait converti à l'islam en 2008 autour de ses vingt ans. Enfant adopté, né en Corée du Sud et accueilli à l'âge de deux ans par une famille nantaise, il multiplie dès sa majorité les séjours en prison. Vol, outrage, menace, il a le profil du petit délinquant qui se radicalise derrière les barreaux.
En 2012, au tout début de la vague de radicalisation des jihadistes français, il rejoint un groupe combattant en Syrie pour deux petites semaines. Il rentre et tente à quatre reprises de retourner au jihad, sans succès, de façon chaotique.
Toute la difficulté c'est de savoir si derrière ces regrets ils ont perdu leurs convictions de jihadistes
François Molins, ancien procureur de Paris
Il est finalement interpellé en Turquie en 2013. Lors de son procès, il affirmera qu'il voulait uniquement faire de l'humanitaire. Une version que le tribunal n'a pas cru un instant.
À ce propos François Molins, l'ancien procureur de Paris, longtemps visage de l'anti-terrorisme, évoquait sur RTL il y a deux ans ces fameux "revenants". Ces repentis dont il était compliqué de jauger la sincérité.
"Ils disent avoir compris, avoir perdu leurs illusions et revenir chez eux, comme ils disent. Toute la difficulté derrière ce discours, c'est de savoir si derrière ces regrets, est-ce qu'ils ont gardé ou est-ce qu'ils ont perdu leurs convictions de jihadistes. C'est difficile de faire la part des choses entre ceux qui ont compris et qui veulent se réinsérer et ceux qui ont gardé leurs convictions", explique-t-il.
Flavien Moreau, lui, est toujours considéré comme dangereux... Les autorités vont pouvoir, à présent, assurer un double suivi.
Il est placé sous surveillance judiciaire. Une mesure spéciale ordonnée par les magistrats lorsqu'un détenu en fin de peine est considéré comme toujours dangereux. C'est le cas de Flavien Moreau qui a notamment menacé des surveillants pénitentiaires en 2018. Il a désormais l'obligation de résider à un endroit précis, il doit prévenir de tout changement, il doit également répondre à toutes ses convocations judiciaires et suivre des soins psychiatrique. Enfin, il a l'interdiction de voyager à l'étranger.
Tout manquement peut le renvoyer en prison. Seulement la durée de la mesure est limitée aux remises de peine dont il a pu bénéficier. Dans le cas de Flavien Moreau, c'est 11 mois et 18 jours.
À ce suivi judiciaire s'ajoute un suivi administratif décidé par le ministère de l'Intérieur. Flavien Moreau est soumis à une mesure d'assignation à résidence. Il a l'interdiction de quitter sa commune de résidence et doit pointer chaque jour à la gendarmerie. Une mesure qui, là encore, peut durer un an au maximum.
Après, la surveillance prendra fin. Ce sont alors les services de renseignement qui prendront le relais à plein temps. Un défi pour le ministère de l'Intérieur car les anciens jihadistes sont déjà plusieurs dizaines à être sortis de prison.
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