Le cauchemar a duré près de trois ans, jusqu'au départ forcé de sa petite école de campagne. Maël, 10 ans, est déscolarisé depuis décembre dernier après avoir subi des années de harcèlement dans son école près du Creusot (Saône-et-Loire). Le garçon n'en pouvait plus de subir les agressions, physiques, verbales, et les humiliations de son petit camarade "harceleur" du même âge que lui..
"Il me donnait des coups de pied, des coups de poing, et même des coups de boule. Il m'insultait, me jetait des pierres, dans la classe, à la cantine ou dans la cour de récréation, mais la maîtresse, elle voyait rien", explique à RTL l'enfant, visiblement ému quand il en parle.
Mais ce calvaire, il le cache. C'est sa sœur, qui a alerté ses parents, puis Maël lui-même. Il y a un an, a exprimé publiquement sa douleur en pleine classe de CM1.
"Un cauchemar de longue durée jusqu'à ces mots très durs qu'il a prononcés en pleine classe, vouloir mourir pour que ça s'arrête. C'était son cri d'alarme, c'est là qu'on a compris qu'il était à bout", raconte Mickael son papa.
À ce moment-là les parents de Maël prennent conscience "brutalement" de l'origine des troubles de leur enfant.
"Il mangeait de moins en moins, il avait du mal à dormir, il rentrait de l'école il pleurait. Combien de fois l'école nous a appelé pour qu'on vienne le chercher, parce qu'il se plaignait de maux de ventre, et dès qu'il était à la maison, il n'avait plus mal, parce qu'il sortait de ce cadre qui l'oppressait. Après coup, on réalise qu'il y avait des signes, mais on a pas su les reconnaître."
L'école est alertée, l'inspection d'académie aussi au printemps dernier. Le harcèlement est avéré, des réunions sont organisées pour tenter trouver des solution, mais en vain.
À la rentrée de septembre, plus discrètement, les intimidations, sans violence cette fois, se poursuivent, mais l'élève impliqué dans ces actes ne peut être exclu ou obligé de changer d'école. L'inspection d'académie ne peut contraindre les parents de l'agresseur, qui refusent d'admettre les faits, d'accepter que leur enfant quitte l'établissement.
"On vous dit oui vous êtes victime, oui c'est lui le harceleur mais si vous voulez être tranquille, c'est vous qui changez d'école, je trouve ça ahurissant", confie la maman de Maël, consternée.
Il faut qu'on change les lois, on protège pas les victimes
Le père de Maël
Depuis deux mois, Maël va mieux, depuis qu'il a quitté son école et suit ses cours à la maison. Mais Mikael son père, n'accepte pas cette situation et espère faire changer les choses pour toutes les petites victimes.
"Y'a eu assez d'enfants comme Lucas, comme Ambre, ou maintenant c'est trop tard. Il faut qu'on change les lois, on protège pas les victimes", explique-t-il.
"Moi je voudrais dire aux autres enfants si vous êtes embêtés par un camarade de classe, dîtes-le aux parents, déclare Maël. C'est pas en disant rien qu'on fait bouger les choses."
Mais voilà, sauf miracle, d'ici la rentrée des vacances de février, Maël devrait changer d'école. La famille a déposé plainte devant la justice, elle est en cours d'instruction.