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Réseau de francs-maçons tueurs : l’enquête sur la loge Athanor est bouclée

Les investigations fleuves sur l’officine criminelle mêlant francs-maçons, gros bras de la DGSE et barbouzes en tous genres, accusés d'avoir commandité plusieurs assassinat, sont désormais terminées.

Palais de justice de Paris, un relief représentant le blason de la justice et sa balance.

Crédit : JACQUES DEMARTHON / AFP

Thomas Prouteau

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C’est sans doute l’enquête criminelle la plus fascinante, et la plus inquiétante, menée ces dernières années par la Brigade criminelle de la PJ parisienne. La juge d’instruction chargée des investigations sur les tueurs d’ "Athanor", du nom de la loge franc-maçonne des Hauts-de-Seine à laquelle appartenaient les principaux commanditaires présumés, a terminé ses investigations et transmis le dossier à la procureure de Paris, d’après des sources concordantes à RTL. 

L’incroyable officine mafieuse, démasquée après l’arrestation en juillet 2020 à Saint-Maur (94) d’un trio de militaires affectés à la DGSE,en planque en vue de l’exécution d’un contrat, est accusée de l’assassinat d’un pilote de rallye, de la tentative d’assassinat d’une cheffe d’entreprise spécialisée en coaching, d’un projet d’assassinat d’un syndicaliste et de plusieurs agressions crapuleuses.

Après trois ans d’enquête, vingt-trois personnes ont été mises en examen. Au sommet de la hiérarchie de la cellule criminelle, un duo dirigé par ancien communicant reconverti dans le conseil puis le meurtre sur commande et les affaires mafieuses, Frédéric V.. Son bras droit, Daniel B., est un ancien commandant de la DGSI, la direction générale de la sécurité intérieure, reconverti en fin de carrière dans l’intelligence économique et les affaires en eaux troubles. 

Pour exécuter les contrats d’agressions puis d’assassinat négociés avec leurs clients, les deux comparses de la loge Athanor s’appuyaient principalement sur un homme, Sébastien L., un jeune Auvergnat fasciné par les arts martiaux qui rêvait de faire carrière dans la sécurité. Le jeune homme de 33 ans a affirmé avec constance, au cours de ses interrogatoires, qu’il était convaincu de travailler pour les services français et la "raison d’État". Selon lui, Daniel B. lui aurait fait croire qu’il était son officier traitant. Ce dernier, aujourd’hui gravement malade, affirme à son tour avoir été manipulé par Frédéric V.. Des lignes de défense qui seront sans doute durement mises à l’épreuve lors d’un futur procès. Tous les trois ont en effet reconnu la plus grande partie des actes criminels du dossier.

Des personnages hauts en couleur

Autour de ces trois acteurs, l’enquête a fait apparaître une galerie de personnages hauts en couleur : fournisseurs d’armes, d’adresse, de faux papiers ou d’équipements de sécurité et d’espionnage interdits, ou encore simples hommes de main ponctuels. Tous risquent désormais le renvoi devant une cour d’assises, pour des infractions dont l'énoncé occupe plusieurs pages du dossier judiciaire.

Spécificité marquante de l’affaire, une partie des suspects sont membres ou anciens membres des services de renseignements, aussi bien extérieurs (DGSE) qu’intérieurs (DGSI). Cinq militaires affectés à la garde d’un camp d’entraînement du légendaire service action de la DGSE, dans le Loiret, sont poursuivis pour leur implication dans la tentative d’assassinat de Marie-Hélène Dini, paisible quinquagénaire à la tête d’une entreprise de coaching située dans le Val-de-Marne, et ciblée par son ancien associé devenu son principal concurrent. Plus récemment, RTL avait révélé la mise en examen d’un policier en poste à la DGSI pour avoir fourni l’adresse d’une des cibles du réseau, le pilote de rallye Laurent Pasquali, froidement abattu dans son parking en novembre 2018 sur fond de recouvrement de dettes violent.

Plusieurs notables ont également été mis en examen, notamment un médecin biologiste de l’Oise et son épouse pour avoir commandité l’assassinat du pilote pour une créance de 200.000 euros qu’il tardait à rembourser. Mais aussi la dirigeante d’une entreprise de plasturgie de l’Ain, soupçonnée d’avoir commandité, pour sa part, l’exécution d’un syndicaliste CGT et ancien "gilet jaune" avec lequel elle était en conflit. Selon les éléments auxquels RTL a eu accès, Frédéric V. a perçu 80.0000 euros pour ce contrat finalement annulé quelques jours après l’interpellation des trois militaires de la DGSE.

Parmi les autres faits imputés à la cellule "Athanor", l’enquête a aussi permis d’exhumer plusieurs agressions crapuleuses, dont celle d’un adjoint au maire de Saint-Maur (Val-de-Marne) en 2016, ou celle d’un couple d’entrepreneurs de Seine-et-Marne. 

Dans ce dossier, où l’invraisemblable s’invite à chaque nouveau tome de procédure, les parties ont désormais trois mois pour faire leurs observations et le parquet de Paris a désormais la lourde tâche de passer au tamis les milliers de pages du dossier et de requérir, pour chaque suspect, les éventuels motifs de renvoi devant une cour d’assises. Avant un procès très attendu, d’ici plusieurs mois.

Contactés par RTL les avocats de Frédéric V., Me Sébastien Schapira, de Daniel B., Me Marc Pantaloni, et de Sébastien L., Me Antoine Ory, n’ont pas souhaité faire de commentaire.

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