Narcotrafiquant récidiviste, sortie de quelques heures, "affront à la sécurité" : ce que l'on sait de la permission accordée à un détenu de Vendin-le-Vieil

Une permission qui interroge les syndicats. Comme le révélait RTL, l'un des 100 détenus les plus dangereux de France, incarcéré au sein du nouveau quartier de lutte contre la criminalité organisée (QLCO) de la prison de Vendin-le-Vieil, a obtenu une permission pour assurer un rendez-vous professionnel ce lundi 24 novembre. 

La Chambre d'application des peines de la Cour d'appel de Douai lui a accordé cette autorisation, contre l'avis du directeur de la prison, du parquet de Béthune et du parquet général. Le syndicat UFAP UNSa Justice a réagi dans un communiqué dans lequel il dénonce "une décision totalement déconnectée des exigences, des réalités et des contraintes imposées chaque jour aux personnels pénitentiaires".
"On ne peut pas à la fois mettre un individu dans un établissement avec un brouilleur, l'interdit de communiquer et tout l'arsenal pénitentiaire, et puis le laisser partir, sortir une journée, puis rentrer de lui-même le soir. C'est complètement surréaliste", insiste Thomas Jacquot du syndicat UFAP UNSa Justice au micro de RTL. 

Un détenu condamné pour trafic de drogue et une évasion en 2014

L'homme de 52 ans, qui a demandé cette permission pour chercher du travail en prévision de la fin de sa détention, est un trafiquant considéré comme un véritable parrain de la drogue. Il est issu d'une fratrie qui a longuement régné sur le trafic de cannabis à la Courneuve, en Seine-Saint-Denis.

Condamné en récidive à huit ans de prison pour "association de malfaiteurs et trafic de stupéfiants" en 2012, il était à la tête d'un vaste réseau de trafic de cannabis qui s'étendait entre la Courneuve, le Maroc et les Pays-Bas. Il a, entre autres, été impliqué dans une fusillade qui a coûté la vie à un petit garçon de 11 ans, touché par une balle perdue, en 2005. 

Deux ans après son incarcération, en juin 2014, il est parvenu à s'échapper de la prison de Villepinte lors d'une visite pour une consultation ophtalmologique à l'hôpital Delafontaine de Saint-Denis à l'aide d'un commando de cinq hommes armés. Sa cavale a duré du 4 au 20 juin 2014, soit 16 jours, avant d'être finalement interpellé par les forces de l'ordre devant un hôtel du Blanc-Mesnil où il se cachait.

Une sortie de quelques heures le 24 novembre

Si les syndicats dénoncent une "sortie surréaliste", "une absurdité" qui représente "un affront à la sécurité". La fin de détention de cet homme de 52 ans aura lieu en 2029, soit dans à peine quatre ans. Il espère par ailleurs obtenir un aménagement de peine d'ici là.

Les quelques heures à l'extérieur de la prison dont il pourra profiter dès ce lundi 24 novembre sont destinées à lui permettre de rencontrer un potentiel employeur. Le détenu est censé rentrer le soir même à la prison de Vendin-le-Vieil.

"Ça ne se fait pas comme ça une permission de sortir, il faut montrer patte blanche, insiste son avocate au micro de RTL. Les gens ne sortent pas de prison comme ça, du jour au lendemain, on fait en sorte qu'ils soient accompagnés. Si on en arrive là aujourd'hui, ça veut dire que notre système, il fonctionne. Bien sûr que c'est pour la réinsertion". L'avocate évoque également le "comportement exemplaire" de son client, qui fait preuve de "rédemption qui a été examinée, vérifiée". 

Vendin-le-Vieil, l'une des premières prison de haute sécurité

Voulus par le ministre de la Justice Gérald Darmanin pour accueillir les principaux narcotrafiquants, les QLCO visent notamment à les empêcher de communiquer avec l'extérieur, pour éviter qu'ils continuent de gérer leurs trafics depuis leurs cellules. Les extractions de ces quartiers spéciaux sont donc censées être très limitées, pour éviter au maximum les transports et donc les risques d'évasion, comme celle du narcotrafiquant Mohamed Amra qui a coûté la vie à deux agents pénitentiaires en 2024 dans l'Eure.

En tout, seulement 88 détenus sont incarcérés dans la prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil avec trois surveillants pour un prisonnier.  "On ne voit jamais un détenu tout seul parce qu'un personnel et un détenu seuls, c'est possiblement une conversation qui pourrait dégénérer vers la corruption", a expliqué le directeur adjoint de la prison à RTL, lors d'une visite de RTL dans l'établissement en août dernier.

Les locaux sont aussi équipés de brouilleurs de téléphone et de drones pour empêcher les narcotrafiquants de gérer leurs trafics depuis leurs cellules et d'entrer en contact avec l'extérieur. 

L'établissement pénitentiaire est fréquemment secoué par des actes de rébellion qui visent à dénoncer les conditions de détention. En août dernier, des détenus ont volontairement inondé leurs cellules et une grève de la faim généralisée d'environ deux semaines a été menée au mois de septembre par plusieurs dizaines de détenus.

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