Mort de Gareth Williams : la mort étrange d'un agent secret

Jeune mathématicien de génie passé maître dans l'art de la traque des réseaux terroristes et de l'argent sale, Gareth Williams est retrouvé mort, chez lui, à Londres, à l'été 2010, et décédé dans de troublantes conditions.

Le 23 août 2010, la Metropolitan Police entre dans un appartement plongé dans la pénombre et trouve dans la salle de bain, un gros sac de sport fermé par un petit cadenas. À l'intérieur, le corps nu et recroquevillé de Gareth Williams. 

Crime, suicide, accident ? L'enquête ne va cesser de s'interroger sur ce décès impossible à expliquer. Des spécialistes du contorsionnisme et des docteurs en morphologie sont consultés. Après 21 mois d'enquête, la légiste qui supervise l'enquête se dit certaine qu'une tierce personne a transporté le sac contenant Gareth Williams dans la salle de bain. La direction d'enquête penche pour un meurtre, mais d'autres policiers croient à une piste bien plus triviale. 

Un accident sur fond de jeux érotiques ?

En fouillant la chambre d'amis de l'appartement, les enquêteurs sont tombés sur une armoire contenant 26 paires de chaussures à talons hauts, des robes de marque, une dizaine de perruques ainsi que du maquillage. Une découverte de quoi conforter le fait que Gareth Williams aimait se travestir en femme et peut-être pratiquer à des mises en scène sexuelles. La police n'exclut pas que tout cet attirail a pu être fourni par le MI-6 pour différentes missions. 

"Sur les vidéos de surveillance des jours avant sa mort, ils vaquent à des occupations très banales, il fait un peu shopping, il traverse des rues et va dans le métro, il n'y a rien de sensible. La manière dont a été décrit ces occupations ne collent pas. On ne sait toujours pas à quoi pouvaient bien servir ces costumes", explique l'invité de L'Heure du crime, Brendan Kemmet, journaliste indépendant.  

L'espion émérite dans la cible des Russes ?

En septembre 2015, la thèse de l'assassinat refait surface. Selon un ex-espion russe, Boris Karpichkov, réfugié en Angleterre, dément la théorie de l'accident. Si Gareth Williams s'était retrouvé coincé dans le sac où il était entré lui-même, il se serait débattu. Or aucune trace de pression ou de lutte n'a été découverte à l'intérieur du bagage. 

Selon Karpichkov, Moscou aurait commandité l'assassinat de Gareth Williams. Il précise que Williams a reçu une injection mortelle dans l'oreille, une dose d'un poison qui se dissout au bout de quelques jours dans l'organisme. Le mathématicien connaissait l'identité d'agents double au sein des services britanniques et la Russie aurait décidé d'éliminer cet as du renseignement. Une mise en scène aurait été organisée pour faire croire à une mort accidentelle. 

"On sait qu'il existe des drogues qui disparaissent en quelques heures dans le corps. Le fait qu'il y avait un chauffage élevé lorsque la Metropolitan Police est entrée dans l'appartement. Ça colle avec cette idée qu'on ait voulu activer la putréfaction pour rendre invisible et indétectable peut-être une drogue", lance Brendan Kemmet.  

"Il faut savoir que les Anglais sont obsédés par la Russie depuis des années. D'ailleurs, on le voit dans l'actualité, ils sont très présents en Ukraine, c'est un peu leur terrain de jeu. On sait que les Russes ont des obsessions avec les Anglais aussi", poursuit le journaliste au micro de RTL. 

Les autorités restent convaincues par la thèse de l'accident. Presque 13 ans après les faits, la famille rejette toujours cette hypothèse. Cette dernière est persuadée que les services anglais, dès que l'absence de leur agent a été constatée, se sont rendus en secret dans l'appartement de Pimlico. Ils auraient alors fait le ménage avant de prévenir la police, histoire peut-être, d'effacer tout indice embarrassant. 

Les invités de "L'Heure du crime"

- Brendan Kemmet, journaliste indépendant. 
- Michel Guérin, ancien patron-adjoint de la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur). 

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