Le traitement judiciaire du décès d’Adama Traoré, mort le 19 juillet 2016 à l’issue d’une interpellation controversée, est de nouveau au cœur d’un bras de fer entre la famille du jeune homme et les magistrats. Le nouvel épisode a été initié par un communiqué en début d’après-midi ce lundi 8 juin du procureur de Paris Remy Heitz, "pour éviter la propagation d’informations parcellaires ou inexactes".
En clair le parquet de Paris, agacé par les informations de presse faisant état d’une audition à venir de deux témoins clés, annoncée à la famille au lendemain de la manifestation de 20.000 personnes porte de Clichy, fait passer le message que la justice fait tout son possible dans son dossier et ne suit pas le rythme des manifestations.
À l’appui de ses déclarations, le procureur de Paris souligne que le "principe de ces auditions" avait été accepté dès avril 2019. Et affirme que leur "mise en œuvre a été retardée par une absence [du témoin ] à l’audition programmée le 30 septembre 2019".
Par ailleurs Remy Heitz souligne et donne la liste des "dix mesures d’expertise judiciaire réalisées par des experts et médecins assermentés" depuis le début de l’instruction, sans compter les deux "rapports médicaux" produits par la défense. Conclusion du procureur de Paris : "La justice met tout en œuvre pour parvenir à la manifestation de la vérité sur les circonstances du décès d’Adama Traoré".
Un texte qui a immédiatement provoqué une réplique de l’avocat de la famille Adama Traoré, Yassine Bouzrou. Dans un communiqué consulté par RTL, ce dernier rétorque que "La manifestation de la vérité nécessite que les actes d'investigation soient effectivement réalisés, on n’instruit pas sur des intentions mais sur des actes d'enquête réalisés". Selon lui en effet, l’adresse actuelle du témoin introuvable en septembre a été connue "dès le 3 octobre 2019" et pour le deuxième témoin "aucune convocation" n’a jamais été envoyée.
D’autre part l’avocat affirme que le principe d’une reconstitution de l’interpellation avait été accepté en 2018 avant d’être refusé en 2019. Enfin la famille déplore que lors des expertises médicales réalisées, les juges ont "toujours refusé" de désigner des spécialistes des pathologies dont souffrait Adama Traoré et mises en avant par certaines des expertises médicales pour expliquer son décès.
Nous déplorons que le procureur de Paris se comporte comme son prédécesseur
Yassine Bouzrou, avocat de la famille Traoré
Yassine Bouzrou conclut : "la dernière fois qu'un procureur s'est exprimé sur ce dossier c'était celui de Pontoise, dont la communication était particulièrement contestable et a donné lieu à un dépaysement. Aujourd'hui, nous déplorons que le procureur de Paris se comporte comme son prédécesseur".
Le fait qu’un procureur communique sur une affaire confiée à des juges d’instruction et toujours en cours d’enquête est relativement rare. Mais en quelques jours, la mobilisation en France contre les "violences policières" suite au décès de George Floyd aux États-Unis a érigé l’affaire Traoré en dossier symbole, qui bouscule aussi bien le ministère de l’Intérieur que l’institution judiciaire.
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