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L'ADN retrouvé sur la scène de crime a permis de confondre le principal suspect 27 ans après les faits.
Crédit : AFP
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Mardi 11 mars 1980, le SRPJ de Versailles est alerté de la présence d'un corps dans un château d'eau désaffecté à dix kilomètres d'Étampes, dans l'Essonne, en bordure de Nationale 20. C'est un chauffeur routier qui a fait la sinistre découverte après avoir stoppé son camion au lieu-dit Mondésir pour un besoin pressant. Face à lui, une femme blonde, entièrement dénudée, pendue, se balançant au bout d’une corde accrochée à une poutrelle métallique. La victime s'appelle Michèle Couturat, elle a 17 ans.
Neuf mois après, jeudi 25 décembre, une autre jeune femme blonde, entièrement dénudée, est découverte à Rougemont, près d'Étampes. Encore à proximité de la Nationale 20. La victime a été étranglée avec une corde. Elle n'a pas été violée. Il s'agit de Sylvie Le Helloco, 21 ans. Elle partait en stop pour retrouver ses parents, en Bretagne.
Mercredi 14 juillet 1982, un couple de vacanciers découvre, en bordure de la Nationale 20, le corps d'une femme nu, recroquevillé à même le sol. Pas de traces de coups, pas de viol, des vêtements emportés et la proximité avec Étampes : la scène de crime est identique à celles de Michèle Couturat et Sylvie Le Helloco. Huit mois plus tard, la victime est identifiée : Christine Devauchelle, 26 ans, gardienne d'immeuble à Paris.
Dimanche 7 août 1983, une quatrième jeune femme, blonde et nue, est retrouvée par un agriculteur à l'entrée d'un champ, à Bruyères-le-Châtel, à 25 kilomètres d'Étampes. La N20 est toute proche. Cette fois, la victime a été étranglée, torturée, frappée avec une pierre puis tuée à coups de tournevis. Elle n'a pas subi de viol, même si des mouchoirs en papier, disséminés autour du corps et tachés de sperme, laissent penser à une attaque sexuelle. La victime est identifiée comme étant Pascale Lecam, 21 ans, une étudiante bretonne.
Pendant plusieurs décennies, rien ne permet de résoudre ces affaires. En 2006, le procureur d'Evry, Jean-François Pascal, rouvre le dossier des quatre meurtres non résolus de la Nationale 20. Les cas des tueurs en série, Michel Fourniret et Volcker Eckert, sont réexaminés. Mais c'est surtout l'ADN qui fait son entrée dans l'enquête. Le 29 juillet 2008, le parquet d'Evry demande des analyses sur les mouchoirs tachés de sperme. Dix mois plus tard, une correspondance est trouvée avec un homme inscrit au fichier des empreintes génétiques, pour "coups et blessures volontaires".
Jeudi 14 mai 2009, Philippe L., 46 ans, déjà condamné dix fois pour des vols et des violences, est interpellé. Le suspect dément avoir tué la jeune femme. "Son implication dans le crime n'est pas établie", précise le procureur. Néanmoins, lundi 11 mars 2024, Philippe L., 61 ans, est condamné à huit ans de prison par la cour d'assises de l'Essonne pour viol et agression sexuelle sur mineur dans le cadre intrafamilial.
Les avocats souhaitent que de nouvelles vérifications soient entreprises pour établir, ou non, la possible présence de Philippe L. sur la scène de crime de Pascale Lecam. Le pôle des cold cases de Nanterre étudie pour le moment la possibilité de se saisir de ce dossier. "Ce qui est compliqué, c'est que beaucoup de scellés ont disparu. À l'époque, on les détruisait au bout de 10 ans, ce qui est complètement aberrant aujourd'hui, explique Jean Arca, journaliste pour Le Progrès et le magazine Marianne. De l'ADN, il y en avait peut-être sur les trois autres scènes de crimes."
Les faits concernant le quatrième meurtre de la Nationale 20 sont prescrits depuis 2003. "Notre travail, c'est de trouver les suspects. J'ai encore espoir, c'est l'un des dossiers qui m'a toujours rongé l'esprit. C'est une vraie frustration professionnelle et surtout pour les victimes, exprime Gilles Leclair, ancien patron de la police judiciaire de Versailles. Il y a une autre affaire à Châteauneuf-sur-Loire d'une jeune femme qui avait été retrouvée un peu dans les mêmes conditions que Michèle Couturat, au bord d'une nationale."
Un ou plusieurs étrangleurs ? Aucun des meurtres de la Nationale 20 n'a été élucidé. "C'est le type même de dossier qui mériterait aujourd’hui une nouvelle lecture", indique un magistrat.
- Me Didier Seban et Me Marine Allali, avocats au barreau de Paris et avocats de la famille de Pascale Lecam.
- Jean Arca, journaliste pour Le Progrès et le magazine Marianne, auteur de l’article L'étrangleur de la RN20 : la condamnation d'un ancien suspect va-t-elle réveiller la justice ?.
- Gilles Leclair, ancien patron de la police judiciaire de Versailles, adjoint de la Brigade criminelle de Versailles à l'époque des faits et auteur du livre L’œil du crime, publié aux éditions Michel Lafon.
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