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La cour d'assises de Versailles
Crédit : Magali Cohen / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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Mardi 23 avril 2019, un plaisancier anglais qui navigue sur la Seine appelle les pompiers et les gendarmes des Yvelines. Il vient d'apercevoir un corps humain qui dérive sur le fleuve à la hauteur du village de Guernes. Les secours repèrent sans difficulté le corps venu s'échouer sur la berge, au pied d'une maison en travaux, au lieudit "La Canardière". La dépouille est en état de putréfaction très avancé.
Lundi 6 mai 2019, les expertises sur les empreintes digitales et l'ADN de la noyée de la Seine, comparées à des fichiers français mais aussi étrangers, se révèlent négatives. Les gendarmes entreprennent le recensement des femmes portées disparues depuis le 1er janvier 2018, âgées d'une trentaine d'années et d'origine asiatique. Un signalement attire leur attention. Au début de l'année, un homme, Alain Guernet, a prévenu la police que son épouse, avec qui il est en instance de divorce, ne donnait plus signe de vie.
La femme en question s'appelle Jue Gao, 39 ans, née à Shangaï, en Chine. Depuis sa séparation avec Alain Guernet, elle vit au Plessis-Robinson, dans les Hauts-de-Seine. Elle partage un appartement avec deux colocataires, des étudiantes. L’ex-mari soupçonne Jue, qui dit être masseuse, de se livrer à la prostitution. L’ADN confirme que la morte de la Seine est bien Jue Gao. Le procureur de Versailles ouvre une information judiciaire pour assassinat.
Quelques semaines après la disparition de Jue Gao, les policiers de la BRDP avaient perquisitionné sa chambre dans son appartement du Plessis-Robinson. Ils y avaient saisi bon nombre d’objets. Un agenda comportant 140 numéros de téléphone. En grande partie des clients de la masseuse. Un contrat passé avec un détective est découvert. Elle voulait qu’il se renseigne sur un de ses clients, un certain Nicolas Ferreira. Elle l'accusait de l'avoir violée lors d'un rendez-vous. Une caméra discrète avait filmé la scène. Elle envisageait d'envoyer les images à l'épouse de Ferreira.
Neuf mois après la découverte du corps de Jue Gao dans la Seine, Nicolas Ferreira est interpellé dans les Hauts-de-Seine. À son domicile, on retrouve quatre lettres d'amour que Ferreira avait adressé à Jue. Chez ses parents, sont découverts des carreaux de carrelage identiques à ceux qui ont servi à lester le corps de la victime. Ferreira reconnaît qu’il entretenait une liaison avec Jue Gao. Il l’avait rencontrée en 2017. Elle ne voulait pas arrêter son activité dans le proxénétisme. Il s'était donc séparé d'elle en janvier 2019.
Vendredi 31 janvier 2020, Nicolas Ferreira est mis en examen pour assassinat. Devant le juge d'instruction, il modifie ses déclarations. La dernière fois qu'il a vu Jue Gao, c'était dans la nuit du 5 au 6 février 2019. Ils ont eu une relation sexuelle. Deux jours plus tard, un proxénète l'a contacté et l'a enjoint de récupérer une Citroën C4. Le corps de Jue était dans le coffre. Il a eu l'idée de jeter le cadavre dans la Seine. "Il a inventé ce racketteur chinois, impossible à identifier. Ce qui lui a permis de tenter de faire diversion", explique David Sénat, avocat général lors du procès en appel, dans L'Heure du Crime, sur RTL.
L’enquête établit que Ferreira était violent avec Jue Gao. Elle se plaignait de lui. Un jour, il lui avait arraché la chaîne qu'elle portait autour du cou. Un autre, il l'aurait frappée jusqu'au sang. Jue Gao était inquiète. Elle avait fait installer une caméra dans sa chambre pour filmer ses attaques. Une ancienne maîtresse de Ferreira décrit un individu très violent sur le plan sexuel. Elle raconte un épisode au cours duquel il l'aurait mise dehors en la tirant par les cheveux.
Juin 2023. Nicolas Ferreira est devant la cour d'assises des Yvelines à Versailles. Son parcours personnel est évoqué. "Il est d’une très bonne famille, travailleuse. Nicolas Ferreira a été pompier de Paris pendant 5 ans. Il a subi une agression pendant qu’il était pompier. Il a reçu un coup de couteau. Il a ensuite voulu créer une entreprise de sécurité incendie. Puis, il y a eu la séparation avec sa compagne, avec laquelle il avait eu une fille. Il s’était mis à boire et dans ce contexte avait rencontré Jue Gao", rappelle Grégory Tessel, directeur d'enquête sur cette affaire. L'accusé sera condamné à 25 ans de prison.
Presque un an et demi après le premier procès, Nicolas Ferreira, comparait en appel à Nanterre, cour d'assises des Hauts-de Seine. Ferreira reste sur ses dénégations. Il n'a pas tué Jue Gao. Il n'avait aucune raison de le faire. Le magistrat David Sénat relève chez l'accusé son absence d'amendement et de prise de conscience de sa responsabilité. Il sera à nouveau condamné à 25 ans de prison.
- Major Grégory Tessel, directeur d'enquête sur cette affaire. Enquêteur à la division des affaires non élucidées (DIANE).
- David Sénat, avocat général lors du procès en appel.
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