Meurtre de Victorine : pourquoi Ludovic Bertin s'en est-il pris à l'étudiante ?

PODCAST - "L'Heure du crime" revient sur le meurtre de Victorine Dartois. En 2020, cette étudiante de 18 ans est retrouvée morte en Isère. Les enquêteurs vont remonter jusqu'au meurtrier, Ludovic Bertin, 25 ans, grâce au témoignage de son meilleur ami.

Une des soeurs de Victorine Dartois, lors de la marche blanche à Villefontaine (Isère), le 4 octobre 2020.

Crédit : JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP

L'INTÉGRALE - Affaire Victorine Dartois : le tueur du ruisseau

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L'ENQUÊTE - Affaire Victorine Dartois : a-t-elle croisé le chemin d'un prédateur ?

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Samedi 26 septembre 2020. Ce soir-là, James Dartois contacte la brigade de gendarmerie de Villefontaine, une commune proche de Bourgoin-Jallieu, pour signaler la disparition de sa fille, Victorine, 18 ans. Deux jours plus tard, le corps de l'étudiante est retrouvé à demi immergé dans un cours d'eau. Son jeans, dégrafé, a glissé le long de ses jambes.

"Quand on voit le profil de Victorine, on ne lui trouve pas de problème particulier, donc on est face à une absence de mobile. Et c'est cette absence de mobile qui laisse penser, avant même la découverte du corps, à une agression sexuelle qui aurait mal tourné", affirme Mathieu Fourquet, journaliste au magazine Le Nouveau détective.

Les caméras de vidéosurveillance sont étudiées. Sur les images, un joggeur est aperçu à côté de l'étudiante, mais impossible d'identifier son visage. C'est alors qu'un homme se rend à la gendarmerie samedi 10 octobre 2020. Il se présente comme le meilleur ami de Ludovic Bertin, 25 ans, marié. "Il m'a avoué le meurtre", raconte le témoin.

"Lucien se présente à la gendarmerie pour dire : 'Ludovic Bertin, mon meilleur ami, a avoué le meurtre de Victorine. Il m'a dit qu'il était parti chercher une fille. Puis, il est tombé sur Victorine. Il avait l'intention de la violer, mais sa conscience lui a dit de ne pas le faire.' Pour son copain, Ludovic était dans en mode prédateur, ce qui indique qu'il a pu s'en prendre à Victorine dans le but de la violer", explique Serge Pueyo, journaliste et correspondant RTL à Grenoble et dans les Alpes.

Le viol d'une autre jeune femme

En garde à vue, Ludovic Bertin reconnait les faits. Il raconte être parti faire un footing, puis avoir bousculé Victorine Dartois dans le chemin, laquelle l'aurait insulté. Le ton est monté, elle l'a griffé et il lui a serré le cou. Il dit ensuite l'avoir tiré par les pieds jusqu'au ruisseau. Mais jamais le suspect n'évoque une attaque sexuelle. Pour le jeans de la victime, il indique l'avoir ôté, car il voulait l'emporter à cause des empreintes ADN.

"Sa version ne tient pas debout. Victorine, c'est une fille qui est peureuse. Elle passe des coups de fils pour se rassurer car elle marche seule alors que la nuit tombe. Donc, on l'imagine mal affronté un homme, relate Mathieu Fourquet. Puis, il va y avoir un chronométrage qui va être fait pendant l'enquête en partant des vidéosurveillances. Logiquement, vu que lui court et qu'elle marche, il devrait la doubler beaucoup plus tôt sur le trajet et pas au niveau des escaliers où le crime va avoir lieu. Ce qui voudrait dire qu'il a doublé Victorine et qu'il a pu l'attendre plus haut au niveau des escaliers pour essayer de la violer, ou en tout cas lui donner la mort."

L'homme n'admet pas le mobile sexuel. Il n'en serait pourtant pas à son coup d'essai, car une semaine après ses aveux, une jeune femme porte plainte contre lui pour viol. Les faits se seraient déroulés dans la nuit du 8 au 9 septembre 2018. Après une soirée où ils avaient tous deux consommé de la cocaïne, Ludovic Bertin aurait conduit la femme chez lui. "Il s'est énervé, m'a tirée par les cheveux jusqu'au canapé et m'a étranglée avec son bras en me demandant un rapport sexuel. Si j’acceptais, il arrêterait de m'étrangler", résume la plaignante. Les enquêteurs et le juge d'instruction s'intéressent de très près à cette histoire de viol dont le scénario ressemble sur certains points à celui de Victorine.

Lundi 25 novembre 2024, Ludovic Bertin est devant la cour d'assises de l'Isère, à Grenoble. L'accusé apparait très tranquille jusqu'à ce que son meilleur ami, qui l'a dénoncé, soit appelé à la barre. "Ce que dit cet homme, c'est le discours de quelqu’un qui a la haine. Il fait tout pour me faire passer pour un violeur", s'exclame le suspect. Il est finalement condamné à la prison à perpétuité, assortie d'une peine de sûreté de vingt ans, pour le meurtre et tentative de viol de Victorine Dartois. Il est également reconnu coupable du viol d’une autre jeune femme, deux ans avant le meurtre.

Les invités de "L'Heure du crime"

- Serge Pueyo, journaliste et correspondant RTL à Grenoble et dans les Alpes.
- Mathieu Fourquet, journaliste au magazine Le Nouveau détective.

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