Les infos de 18h - Procès des viols de Mazan : Dominique Pelicot, entendu une dernière fois, garde ses secrets

Le procès des viols de Mazan entre dans sa dernière ligne droite, après onze semaines de débats. Les plaidoiries commencent mercredi 20 novembre. Pour la dernière fois, Dominique Pelicot est questionné par la cour.

En premier lieu, l'accusé s'est adressé à ses enfants, assis juste en face de lui. "C'est la première fois que je les revois depuis quatre ans et je dois dire que je m'attendais à les voir anéantis, mais pas à ce point-là", déclare-t-il.

L'avocat de la famille saisit l'occasion pour le questionner sur les deux photos de sa fille Caroline qui ont été retrouvées dans l'ordinateur de Dominique Pelicot. "Au début de ce procès, vous avez tenu des propos particulièrement cruels, en nous répétant que vous ne saviez même pas qui a pris ces photos", dit l'avocat. "Monsieur Pelicot, si vous restez sur cette position, vous la laisserez dans un enfer perpétuel.  Pouvez-vous, s'il vous plait, ici et maintenant, lui apporter une réponse ? C'est la dernière fois que vous la voyez", plaide l'avocat.

Mais Dominique Pelicot secoue la tête. Il souffle d'une voix lasse qu'il ne l'a pas touchée et il insiste : "Caroline, je ne t'ai jamais rien fait". Caroline se lève : "Tu mens, tu mens, tu n'as pas de courage", dit-elle, rouge de colère. Ses cris résonnent dans la salle : "Tu mourras dans le mensonge, seul dans le mensonge".

Quel est le mobile des actes de Dominique Pelicot ?

Depuis le début de ce procès, la cour tente de savoir pourquoi l'accusé a commis de tels agissements sur son épouse. Les faits sont d'une telle violence que la juge d'instruction s'est même demandée s'il fallait poursuivre Dominique Pelicot pour "barbarie". C'est de l'acharnement, de l'humiliation qui est visible sur les vidéos de viol.

L'accusé voulait-il se venger, punir sa femme pour avoir été infidèle des années plus tôt ? Dans le box, Dominique Pelicot balaie cette piste. Il convoque son traumatisme qu'il traine depuis qu'il a été violé par un infirmier à l'âge de 9 ans. "Ce n'est pas une excuse, mais cela a créé une blessure", précise-t-il. "Si j'en suis arrivé à faire ce que j'ai fait, c'est parce que c'était mon fantasme : soumettre une femme insoumise sans la faire souffrir".

Gisèle Pelicot dénonce "le procès de la lâcheté"

Gisèle ferme les yeux et serre les poings. La journée est un long supplice pour celle qui a pris la parole pour la dernière fois également. "Ce procès, c'est celui de la lâcheté", a-t-elle dit, elle qui a dû endurer les dénégations d'accusés qui parlent de viols "involontaires", "altruistes" ou "par politesse", malgré les preuves confondantes.

Elle ne le cache pas, la fatigue et la colère commencent à l'envahir. "J'ai envie de le dire à tous ces hommes derrière moi : à quel moment vous entrez dans cette chambre quand vous voyez ce corps inerte ? À quel moment, vous alliez percuter ?".

Celle qui est devenue malgré elle un symbole de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles a fustigé une société "sexiste et patriarcale" qui "banalise le viol". "Il est temps que nous changions de regard". Elle fait une promesse : "On se souviendra dans le monde entier de Madame Pelicot, beaucoup moins de Monsieur".

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