Les infos de 12h30 - Procès de Mehdi Nemmouche : le calvaire des otages français aux mains de Daesh

Les ex-otages français de l’État islamique racontent l'horreur à la barre. Dans la matinée du mercredi 19 février, au procès de Mehdi Nemmouche et des geôliers présumés des journalistes détenus en Syrie en 2013, la parole était à l'accusation. Un ancien détenu raconte les tortures qu’il a subies pendant 11 mois en Syrie. C’est le témoignage fort du photographe Édouard Elias. Il n’avait que 22 ans à l’époque. 

"J’étais un gamin et très vite, j’ai été détruit", confie-t-il. Le captif perd 20 kilos en 10 jours. Il se souvient du "clac" de la Kalachnikov sur sa tête, premier simulacre d’exécution. Les coups ne lui laissent aucun répit. Il échappe de peu à une tentative de viol. 

"Je suis vraiment en train de craquer, quand j’entends un chant au fond du couloir. C’était mon collègue, Didier François, qui chantait le chant des partisans. Je n’étais plus seul", indique Édouard Elias.

Les otages sont alors dans les sous-sols de l’hôpital d’Alep. "Ce sont continuellement des cris de prisonniers en train de mourir, ça ne s’arrête jamais", ajoute le photographe, qui raconte que les otages occidentaux tentent de faire face ensemble, de tout partager. Ils se donnent une mission : "Si on survit à cet endroit, il faut essayer de se souvenir du plus de choses possibles". Avec leur bandeau sur la tête, ils sont plongés dans le noir, mais les autres sens s’aiguisent. "On essayait de différencier chaque bruit de claquettes, d’écouter aux portes, ça a été notre combat". 

"Cette voix qui m’a terrorisé"

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Le photographe n’oubliera jamais la haine dans la voix de ses bourreaux français. "C’étaient les pires, on était à leur merci".

Édouard Elias n'a aucun doute : Mehdi Nemmouche, assis dans le box, était bien l'un de ses geôliers. Il se souvient de cette voix qui leur chantait Douce France avant de les frapper. Il se souvient de ses quiz improvisés, de sa diction si particulière. 

L’ancien otage n’en dit pas plus. Il doit être confronté à Mehdi Nemmouche la semaine prochaine, mais il est formel, "C’est bien cette voix qui m’a terrorisé". Nemmouche le fixe, impassible, à moins d’un mètre de lui. Édouard Elias murmure, "cette voix, elle est au fond de mes tripes".

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