Le Grêlé : les tueurs en série ont-ils un profil type ?

"On n’est pas tueur en série du jour au lendemain", explique Me Corinne Herrmann, avocate spécialiste des cold case, dans Les Voix du Crime. C’est tout au long de leur vie, souvent dès l’enfance, que ces bourreaux se perfectionnent et s’endurcissent. La gravité de leurs actes et de leurs crimes ne cesse de progresser toujours "vers le pire."

Autant de profils se dessinent chez ces meurtriers que chez leurs victimes. Petites filles, garçons, femmes et hommes, jeunes comme plus âgés… Rares sont les tueurs en série se focalisant sur un type d’individu. Les modes opératoires sont divers. Les victimes présentent strangulations, passage à tabac, coup de couteaux et bien d’autres tortures sordides. De l’acte prémédité à la pulsion meurtrière et sexuelle, des affaires comme celles de Fourniret ou Heaulme témoignent de différents procédés. 

Faible quotient intellectuel ou homme cultivé, voisin investi, grand-père dévoué, chaque portrait est plausible. "On pense toujours que les tueurs en série sont des surhommes, qu’ils sont supra-intelligents, supra-doués, mais c’est les fictions et séries qui nous donnent cette image-là", observe l'avocate du frère de Cécile Bloch, première victime du Grêlé. 

C’est la méconnaissance de ces tueurs qui nous fait perdre du temps sur les enquêtes

Corinne Herrmann

Le cas de François Vérove soulève différentes interrogations. Dans ses meurtres d’une rare violence, le tueur laisse certaines de ses victimes torturées, violées, mais bien vivantes. Plusieurs portraits robots du meurtrier sont établis grâce aux témoignages de ces dernières. "Il est resté longtemps en contact avec elles, tous les tueurs en série ne fonctionnent pas comme ça", souligne Corinne Herrmann. "C'est la méconnaissance de ces tueurs qui nous fait perdre du temps sur les enquêtes", regrette-t-elle. 

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La résolution de l’affaire confirme l’impensable : aucun corps de métier n’est épargné. Le meurtrier s’avère être gendarme. Pendant de longues années, l'assassin profite de sa fonction et de son autorité pour brouiller les pistes. "Il donnait même son vrai prénom pour jouer avec l'enquête", ajoute l'avocate. Utilisation de sa carte professionnelle pour piéger ses victimes, faux témoignages, divulgation de preuves… L’assassin cultive son anonymat et sème l’horreur. 

Il donnait même son vrai prénom pour jouer avec l'enquête.

Corinne Herrmann

Malgré de nombreuses preuves cumulées dont un groupe sanguin et des empreintes, l’enquête connait de nombreuses successions de magistrats. L’arrivée de Nathalie Turquey, dans l’affaire, lui donne alors une autre tournure. La juge d'instruction convoque 750 gendarmes pour des prélèvements. Par peur, "le Grêlé" se suicide le 29 septembre 2021. Sa lettre posthume et les tests ADN confirment le profil monstrueux d’un retraité, père de famille. Après 35 ans, le soulagement de son identification et la frustration d’être passés si longtemps à côté laissent une lourde amertume à ses victimes, aux enquêteurs et à toutes les familles endeuillées. 

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