Affaire David Daouphars : le voisin qui vous veut du mal

Dimanche 15 décembre 2019, la gendarmerie de Gironde est alertée de la découverte de deux corps, dans une maison, à Izon, à une vingtaine de kilomètres de Bordeaux. Les gendarmes découvrent dans une chambre exigüe, les corps des propriétaires, Jean-Claude Muller, 58 ans, et son épouse Sylviane, 50 ans. Ils gisent en partie dénudés. Sylviane Muller a été violée à l'aide du babyphone qu'elle utilisait de temps en temps pour surveiller sa petite fille de 18 mois. La mise en scène est clairement sexuelle. 

150 personnes sont interrogées. Les voisins directs, les Daouphars, qui habitent juste de l'autre côté de la route, n'ont rien noté de suspect. Le lendemain du drame, sur le pas de sa porte, David Daouphars, le père de famille, témoigne devant une équipe de France 3 Aquitaine. À propos des Muller, il dit : "On ne mangeait pas ensemble, mais enfin, on se connaissait quand même un peu. Ça fait tout bizarre".

Jean-Claude et Sylviane Muller, mariés depuis trente ans, n'ont jamais attiré l'attention. Le couple menait une vie rangée, pas d'amant ou de maitresse, pas de menace connue. Les pistes d'un rôdeur, d'un détraqué sexuel, et pourquoi pas celle d'un tueur en série restent alors d'actualité.

De l'ADN exploité quatre ans après

Neuf mois après le drame, le 10 septembre 2020, les enquêteurs font de nouveaux prélèvements salivaires. Le voisin immédiat, David Daouphars, 49 ans, est prélevé, mais le test reste sans résultat. Ce n'est que quatre ans après le drame, le 13 novembre 2023, que cet homme de 54 ans est interpellé à Galgon, à quarante kilomètres de Bordeaux, village où il a récemment déménagé après avoir divorcé avec son épouse. 

Coup de théâtre : il est soudainement désigné par la génétique. Son ADN matche avec celui retrouvé sous un fragment d'ongle de Sylviane Muller. En fin de garde à vue, à la cinquième audition, il craque et avoue le double crime. Il est mis en examen pour "meurtre aggravé, précédé ou suivi de viol" et incarcéré.

Le soir du crime, explique-t-il, il avait rendez-vous avec Sylviane Muller qui lui avait tapé dans l'œil. Il raconte s’être rendu chez le couple entre 23h30 et minuit. "Le mari n'aurait pas dû être là ce soir-là. Je l'ai poussé, il m'a poussé. Je suis tombé et c'est là qu'en me relevant, j'ai sorti le couteau et je lui ai entaillé la gorge", déclare-t-il dans une déposition révélée par le journal Le Parisien. Daouphars raconte que Sylviane a alors tenté de le repousser. Il lui a planté le couteau à plusieurs reprises dans le ventre.

Un individu très dangereux

"Il a des explications complètement loufoques depuis le début laissant imaginer qu'il venait pour faire des petits bisous et que monsieur les a surpris. Bon, à 23 h quand vous allez chez les gens qui sont couchés, je pense surtout que c'était pour lui le moment opportun, car il n'y avait personne et c'était le week-end, souligne Me Arnaud Dupin, avocat au barreau de Bordeaux et avocat des filles de Sylvianne et Jean-Claude Muller : Margaux et Natacha. Il a réglé leur compte aux époux Muller car il a compris qu'il ne pourrait jamais avoir de relation quelconque avec l'épouse."

Les gendarmes multiplient les vérifications concernant David Daouphars, jusqu'ici inconnu de la justice. Chez lui, ils ont trouvé un carton de dessous féminins neufs, découverte qui laisse croire à des penchants fétichistes. L'exploitation du disque dur de son ordinateur témoigne de nombreuses recherches sur des sites pornographiques et des pratiques sexuelles extrêmes. Daouphars fantasmait sur la mère de famille, alors âgée de 40 ans, et sur ses deux filles, Margaux, 13 ans, et Natacha, 18 ans. Pendant dix ans, il les a photographiées toutes les trois dans leur jardin.

David Daouphars est considéré comme un individu très dangereux. En cas de libération, il pourrait repasser à l'acte sur les filles des époux Muller, estiment les experts. Quel que soit l’âge auquel il sortirait de prison, il devra être particulièrement surveillé. Cet homme, écroué à la prison de Gradignan, près de Bordeaux, est aujourd'hui toujours à l'isolement pour des questions de sécurité.

Les invités de "L'Heure du crime"

- Jean-Michel Desplos, journaliste et chef du service police/justice au journal Sud-Ouest.
- Ronan Folgoas, journaliste police / justice au journal Le Parisien.
- Me Arnaud Dupin, avocat au barreau de Bordeaux et avocat des filles de Sylvianne et Jean-Claude Muller : Margaux et Natacha.

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