Vendredi 19 décembre 1969, la pharmacienne Simone Delaunay s'apprête à fermer son officine, au numéro 6 du boulevard Richard Lenoir, à côté de la place de la Bastille à Paris. Sa laborantine, Jeanne Aubert, est en train d'ôter sa blouse quand un client fait irruption. Il brandit une arme et demande la caisse. Son visage n'est pas masqué. C'est un holdup. L'attaque dégénère : les deux femmes trouvent la mort alors qu'elles avaient ouvert la caisse au braqueur.
L'enquête patine. Mais le 28 mars 1970, un indic dénonce un certain "Goldie". Il va être identifier sous le nom de Pierre Goldman, 26 ans. Placé en garde à vue, l'homme reconnait sans difficulté trois holdups, une pharmacie le 4 décembre, la boutique Vog puis l'attaque d'un comptable transportant des fonds, mais pas l'attaque de la pharmacie de Richard Lenoir.
La brigade criminelle ne dispose pas de preuves de l'implication de Pierre Goldman dans le braquage sanglant de la pharmacie du boulevard Richard Lenoir. Six témoins ont vu le braqueur, deux disent le reconnaître, mais leurs témoignages sont divergents. Qui plus est, un jeune guadeloupéen confirme que le soir du braquage, Goldman est venu chez lui. Quatre ans d’enquête, trois juges d’instruction. Le dossier traine.
Lundi 9 décembre 1974, près de cinq ans après son arrestation, Pierre Goldman, 30 ans, est jugé pour trois braquages et l'attaque meurtrière de la pharmacie du boulevard Richard Lenoir. L'accusé répète calmement qu'il accepte de payer pour les vols mais il n'a jamais tué personne. Le doute persiste. Le 14 décembre, le verdict tombe : perpétuité.
Jeudi 20 novembre 1975, la cour de cassation casse le verdict du procès Goldman pour vice de procédure. Le suspect, qui depuis son procès bénéficie d'une campagne de soutien sans précédent, est remis en liberté. Il est rejugé quelques mois plus tard. "On va vers un procès où enfin la défense peut s'exprimer, raconte Antoine Casubolo, avocat au barreau de Paris. Où sont les preuves ? Quand il n'y a pas de preuves, il y a doute et ça doit bénéficier à l'accusé. Donc on a acquitté Pierre Goldman." L'homme n'est reconnu coupable que des trois holdups, mais pas des meurtres. Il écope de douze ans de prison.
Jeudi 20 septembre 1979, Pierre Goldman, 35 ans, est touché par sept balles au dos, au bras, à la tête. Une demi-heure plus tard, un communiqué signé "Honneur de la police", une toute nouvelle organisation, revendique l'assassinat : "Aujourd'hui, Pierre Goldman a payé ses crimes, nous avons fait ce que notre devoir nous commandait".
Jean-Jacques Goldman qui commencera à triompher au début des années 1980, n'a jamais souhaité parler de ce frère lointain qu'il ne côtoyait pas beaucoup. "Ils n'avaient pas la même mère, ils n'avaient pas grandi ensemble. Ils sont très différents et en même temps Jean-Jacques grandit dans l'ombre de ce frère mystérieux. Cette affaire-là a fracturé cette famille", affirme Michaël Prazan, auteur d'une biographie et d'un documentaire sur Pierre Goldman. Une légende tenace raconte toutefois que la chanson "Puisque tu pars", écrite huit ans après l'assassinat, lui était dédiée.
- Antoine Casubolo, avocat au barreau de Paris et auteur du livre La Vérité sur Pierre Goldman, sa vie, sa mort démythifiées, publié aux éditions Digital Index.
- Michaël Prazan, écrivain, réalisateur du documentaire L’Assassinat de Pierre Goldman, et auteur de la biographie de Pierre Goldman Pierre Goldman, le frère de l’ombre, publié aux éditions du Seuil.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte