L'affaire Cartland : un crime sauvage qui a déclenché une guerre des polices

C'est un mistral sanglant en Provence qui va défrayer la chronique durant les années 70. L'affaire Cartland, du nom d'un professeur, John Cartland, sauvagement assassiné lors du dernier jour de l'hiver 1973. Même les policiers ne vont pas s'attarder sur le cadavre qu'ils ont sous les yeux, massacré à coups de hache...

Dimanche 18 mars 1973, aux alentours de minuit, Frédéric Delaude rentre chez lui, à Aix-en-Provence, à bord de sa 2 CV. Il aperçoit une lueur orange puis un homme qui fait de grands gestes devant une caravane en feu. L'automobiliste s'arrête. "J'ai été blessé, j'ai reçu deux coups de couteau", s'exclame l'inconnu. Il raconte qu'il se trouvait dans la caravane avec son père quand il a entendu un bruit. Il est sorti et a été assommé. Quand il s'est réveillé, la caravane était en flammes. Il ne sait pas ce qui est arrivé à son père. 

Sur place, les gendarmes sont informés d'une tentative de cambriolage qui aurait tourné à l'agression, mais rien ne semble avoir été volé. Très vite, un corps gisant face contre terre est découvert dans un buisson, à cinq mètres de la caravane. Celui d'un homme trapu, au crâne ensanglanté. D'après les passeports, il s'agit de John Basil Cartland, 62 ans, professeur de langues exerçant à Brighton, en Angleterre. Le blessé, parti avant l'arrivée des enquêteurs à l'hôpital, serait donc bien son fils. 

Un corps massacré à coup de hache, le fils impliqué ?

La police évoque alors le crime horrible d'un homme qui a eu le crâne défoncé à coups de hache et a été égorgé. Une entaille profonde a sectionné la carotide, de nombreuses plaies sont visibles. John Cartland a reçu douze coups de hache. Un oreiller lesté de pierres, qui a servi à assommer le malheureux est découvert, tout comme un couteau ensanglanté. Une hache, de marque anglaise, a été soigneusement camouflée sous un parpaing. Des armes qui appartiennent à la famille Cartland... 

A l'hôpital de Salon-de-Provence, l'état du blessé est jugé peu grave. Le fils de la victime est alors interrogé. Tout l'enjeu va être alors de savoir si ce meurtre sans pitié et inexplicable est l'œuvre de rôdeurs, ou bien tout simplement un parricide ? "Selon la famille, ils avaient une bonne relation, raconte David Sedgwick, écrivain. Mais en réalité, il pourrait y a voir eu des problèmes entre le père et le fils". En effet, Jérémy avait quitté son travail au sein d'une école, avant de partir en voyage. "Il avait une relation avec la femme du directeur. Son père, très conservateur, était contre cette relation. A cause de la pression de son père, Jérémy a rompu cette relation amoureuse", poursuit l'écrivain.

Un autre argument ne joue pas en la faveur du fils : l'héritage de John Cartland. "Un an avant le meurtre, John Cartland avait rédigé un testament ; il possédait plusieurs propriétés et voulait à l'origine les léguer à ses enfants, explique David Sedgwick au micro de L'heure du crime. Mais en juin 1973, il a changé le testament, et Jérémy et sa sœur n'héritaient plus des maisons, qui revenaient à sa gouvernante. Elle allait obtenir son héritage, d'un demi-million de livres".

Cette affaire va provoquer une guerre des polices. En France, les preuves semblent suffisantes pour inculper Jérémy Cartland. Mais pour Scotland Yard, qui a mené une double enquête, les éléments ne suffisent pas et rendent impossible l'extradition de Jérémy Cartland, qui ne sera jamais jugé. Ce dernier est décédé en 2014. Près de 50 ans après le meurtre, impossible de savoir qui a tué le professeur.