Jacques Delisle est un homme libre ! Condamné à la perpétuité en 2012 pour le meurtre de son épouse trois ans plus tôt, l'ancien juge a finalement été libéré le 8 avril dernier. En cause, un arrêt des procédures en raison de la négligence grave d'un expert du ministère public lors de l'autopsie de sa femme.
Dans la tourmente depuis ce matin du 12 novembre 2009, Jacques Delisle ne cesse d'affirmer que sa femme s'est en réalité suicidée. À 10h31, le 12 novembre, le 911, le numéro d'urgence de la police de Québec, réceptionne un appel depuis un appartement situé près des eaux du Saint-Laurent. Un homme explique que sa femme s'est "enlevée la vie". L'interlocuteur, qui ne parvient pas à se souvenir alors de l'âge de son épouse, dit s'appeler Jacques Delisle, magistrat honoraire. ll y a quelques mois, il officiait encore à la Cour d'appel de Québec...
Le policier Jean-François Bégin est le premier à être accueilli par Jacques Delisle dans le hall de l'immeuble. L'ancien juge, 74 ans au moment des faits, explique tout de suite que son épouse, Nicole Rainville, 71 ans, s'est tirée une balle dans la tête. Elle s'est suicidée, car elle ne supportait plus la dégradation de son état physique. Elle était paralysée du côté droit à la suite d'un accident vasculaire cérébral.
Dans l'appartement, Nicole Rainville est étendue sur le sofa. Elle porte une blessure de trois centimètres à la tempe gauche. À proximité, se trouve une arme de poche. Il y a encore une balle à l'intérieur, mais le chargeur est extrait. Interrogé, le juge Delisle explique que cette arme, lui a été offerte il y a des années et était toujours chargée. Il reconnaît avoir manipulé le pistolet après avoir découvert sa femme inerte. Il a ôté le chargeur pour éviter, dit-il, un accident.
Mais la version donnée par le mari sème le doute du côté des enquêteurs. Le pistolet, examiné de près, ne porte aucune éclaboussure ou gouttelette de sang comme ce devrait être le cas dans ce genre de suicide. On ne peut pas non plus détecter la moindre empreinte, ce qui laisse à penser que l'arme a été essuyée. Mais pourquoi ?
La police de Québec se pose bien des questions. Les officiers pensent davantage à une scène de crime. Pour eux, le lourd handicap de la victime, droitière de naissance, ne lui aurait pas permis de se tirer une balle dans la tête. Ils sont également intrigués par la présence de suie et de grains de poudre dans sa paume gauche. Nicole Rainville ne pouvait pas, en pressant la détente d'une telle arme, être ainsi tachée.
L'attitude de Jacques Delisle, qui a touché le pistolet et qui a aussi demandé aux secours de ne pas chercher à ranimer son épouse (c'était la volonté de Nicole, affirme-t-il), reste suspicieuse. Placé sous filature, il est surpris plusieurs fois en compagnie d'une femme, sa maîtresse depuis deux ans. Pour les enquêteurs, le mobile du meurtre parfait est établi.
"On a le trio magique : un juge qui n'est pas une personne très aimée, présenté comme quelqu'un d'arrogant et pas très agréable. On a une maîtresse qui apparaît comme un mobile et on a une victime, dans un état de faiblesse, qui attire extrêmement la sympathie. C'est ce contexte qui va accabler le juge Delisle, explique Stéphane Bertomet, ancien
policier, au micro de L'Heure du crime.
On va se reporter derrière sur le travail d'experts pour dire "voilà comment ça s'est passé. Mais on fait porter à ses experts une responsabilité extrêmement lourde alors qu'on sait qu'il y a une marge d'erreur", poursuit-il. Alors, le juge est-il un assassin ?
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