Jack Unterweger : le célèbre écrivain était-il un tueur en série ?

Samedi 4 janvier 1975, un couple attire l'attention des policiers. Un Autrichien, Jack Unterweger, et une Allemande, Barbara Scholtz, tous deux 24 ans sont interrogés sur le meurtre de Margaret Schäfer, 18 ans, commis dans la petite ville d'Ewersbach (Allemagne). La jeune fille a été torturée, violée avec une barre de fer et étranglée avec son soutien-gorge. Très vite, Barbara Scholtz passe aux aveux : elle et Jack Unterweger l'ont enlevée, mais seul lui est l'auteur du viol et du crime. Le suspect reconnait et est condamné en Autriche à la perpétuité.

En prison, Jack Unterweger change du tout au tout. Lui qui était illettré passe tout son temps à la bibliothèque, il écrit des poèmes, des contes pour enfants, des pièces de théâtre remarquées. Six ans après son incarcération, il publie un premier livre Le Purgatoire dans lequel il livre le récit d'une enfance misérable aux mains d'un grand-père tortionnaire, alcoolique et abusif. Il n'a jamais connu son père, et sa mère se prostituait, tout comme sa tante, assassinée par un client. Le livre est un bestseller. Et le suivant, Terminus prison rencontre le même succès. Les intellectuels se mobilisent alors pour faire sortir de prison cet auteur de génie. Les psys assurent qu'il ne présente plus aucun danger pour la société. Il est donc libéré le 23 mai 1990, après quinze ans de détention.

Jack Unterweger devient un ex-meurtrier riche et célèbre. Il est embauché comme journaliste à la radio publique où il enquête sur des faits divers. Un travail qui tombe à pic puisque, six mois après sa libération, huit femmes sont assassinées. Toutes sont prostituées et ont été étranglées avec leurs propres vêtements. Le journaliste vedette de la radio interroge les policiers dont l'enquêteur Max Edelbacher, le premier à émettre des doutes sur lui. L’écrivain est donc discrètement placé sous surveillance.

Mardi 11 juin 1991, un an après sa sortie de prison, Jack Unterweger débarque à Los Angeles pour enquêter sur la criminalité. Il loge au Cecil Hôtel, un établissement mal fréquenté, au cœur d'un quartier rongé par la prostitution et le trafic de drogue. Neuf jours après son arrivée, une prostituée, Shannon Exley, 20 ans, est découverte dénudée dans un massif d'eucalyptus, à la sortie de la ville. Elle a été étranglée avec son soutien-gorge noué autour du cou. Deux autres femmes sont assassinées quelques jours plus tard avec le même mode opératoire. Pas de doute, les trois crimes seraient l’œuvre d’un même homme.

Des preuves irréfutables

Alors que Jack Unterweger est de retour en Autriche, le corps de Sylvia Zagler, 23 ans, est découvert à Vienne. L'inspecteur Max Edelbacher entend l'écrivain qui se dit victime de son passé. Il fournit des alibis et affirme ne pas fréquenter les prostituées. Les policiers retrouvent pourtant trois cheveux appartenant à Blanka Bockova, prostituée assassinée à Prague, dans la vieille BMW qu'Unterwegger conduisait à sa sortie de prison.

Après sept mois d'enquête, la police tente d'interpeller l'homme qui n'est pas chez lui. Il a pris le large vers Miami, en Floride, avec sa dernière petite amie. Cette dernière est repérée par des agents du FBI qui prennent le couple en filature. Six mois plus tard, le principal suspect est de retour à Vienne où il est inculpé de onze meurtres. La reconstitution de ses trajets, ces deux dernières années, démontre qu'il est à chaque fois présent dans le secteur des meurtres de prostituées. Il apparaît comme un menteur et manipulateur hors pair car presque tout ce qu'il a raconté dans ses mémoires, qui lui ont valu l'admiration des intellectuels, est faux. Sa tante prostituée et assassinée n'a jamais existé et son grand-père n'a jamais levé la main sur lui. 

Mercredi 20 avril 1994, Jack Unterweger, 43 ans, se retrouve devant la cour d'assises de Graz, en Autriche. Il assure qu'il n'a pas récidivé : "En ce moment, le vrai meurtrier doit bien rigoler". Près de 160 témoins sont entendus. Après plus d'un mois d’audiences et neuf heures de délibération, l'accusé est condamné à la perpétuité pour neuf des onze meurtres. 

Au lendemain de sa condamnation, il est retrouvé mort dans sa cellule. Il s'est pendu à un porte manteau. "Il a fait exactement le même nœud, donc certains l'ont interprété comme un aveu de culpabilité, explique Sonya Lwu, youtubeuse spécialiste des faits divers. Sinon, comment aurait-il pu savoir exactement ce que seuls les enquêteurs connaissaient ? C'est exactement sa signature. C'est déjà ce qu'il avait fait dans les années 1970 sur Margaret Schäfer. Et c'est vraiment quelque chose qu'on a retrouvé sur tous les meurtres." 

Les invités de "L'Heure du crime"

- Sonya Lwu, youtubeuse spécialiste des faits divers et auteure du livre La malédiction du Cecil Hotel, publié aux éditions Robert Laffont.
- Astrid Wagner, avocate à Vienne, en Autriche, dernière maîtresse de Jack Unteweger.

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