Mercredi 2 février 2011, la police judiciaire de Lille ouvre secrètement une enquête préliminaire sur des soupçons de proxénétisme dans l'un des plus grands hôtels de la ville, le Carlton. Le personnel de l'hôtel est placé sous surveillance et les enquêteurs découvrent que René Kojfer, le chargé de communication de l'établissement, désigne des filles sous les qualificatifs de "dossiers" ou de "colis".
Moins d'un mois plus tard, l'annonce de l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn à New York, alors accusé de viol par une femme de chambre de l'hôtel Sofitel, change la donne. Au téléphone, Kojfer et le proxénète surnommé Dodo la Saumure évoquent cette affaire. Le premier lance : "C'est un gros cochon, il est pire que moi". Les enquêteurs soupçonnent alors le second de fournir DSK en femmes.
Deux entrepreneurs, David Roquet, dirigeant d'une filiale du groupe Eiffage, et Fabrice Paszkowski, gérant d'une société pharmaceutique, proche de l'homme politique, reconnaissent lui avoir amené des prostituées. Roquet explique qu’il voulait s'attirer les bonnes grâces d'un homme qui, à l'époque, était pressenti pour devenir président de la République.
L’enquête de la PJ de Lille, révèle les parties fines de l’ancien ministre dont celle à l'Hôtel Murano, proche des Champs-Élysées, où huit personnes ont participé à une soirée sexuelle. Une fête réglée par les entrepreneurs. Mais DSK était-il conscient que les femmes étaient payées pour le satisfaire ? Selon lui, les soirées en question étaient strictement libertines.
"Il se présente lui-même comme un libertin assumé mais pas du tout proxénète, pas du tout organisateur d'un quelconque réseau. Ses amis David Roquet et Fabrice Paszkowski ne lui avaient pas dit que ces filles étaient des prostituées, rapporte Franck Antson, journaliste et correspondant RTL dans le Nord. Ils les présentaient comme des amis, des escortes, mais pas des filles qu'il fallait rémunérer. Même si par la suite, DSK le reconnaît lui-même en disant "j'étais peut-être un peu naïf"."
Certaines rencontres ont aussi lieu dans une garçonnière, un deux-pièces loué par l'homme politique, près de la Tour Eiffel. Jade, l'une des filles recrutées pour ces rencontres déclare aux enquêteurs : "Il ne fallait surtout pas dire à DSK que nous étions payées. C'était ridicule, car il se rendait bien compte qu'on ne venait pas à Paris pour ses beaux yeux". Dominique Strauss-Kahn répète tout ignorer : "Je n'aurais pas fait confiance à des prostituées susceptibles d'être l'objet de toutes sortes de pressions".
"Nul part il n'est établi que Dominique Strauss-Kahn sait que parmi les filles qu'ils rencontrent à Lille ou à Paris, il existe des prostituées, explique Éric Dussart, grand reporter à la Voix du Nord. C'est ça qui fait la fragilité du travail et des accusations des juges d'instruction."
L’accusation finit par vaciller. Deux parties civiles abandonnent les poursuites. Et vendredi 12 juin 2015, le tribunal correctionnel de Lille prononce treize relaxes, dont celle de Dominique Strauss-Kahn, dans l'affaire du Carlton. Seul un prévenu, l'ancien homme à tout faire de l'hôtel lillois, René Kojfer, 73 ans, est condamné à un an de prison avec sursis pour proxénétisme, mais non aggravé.
- Éric Dussart, grand reporter à la Voix du Nord pendant 30 ans.
- Me Emmanuel Riglaire, avocat au barreau de Lille, l'un des prévenus lors de l’affaire.
- Franck Antson, journaliste et correspondant RTL dans le Nord.
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