Marc Dutroux : le monstre de Marcinelle est-il incurable ?

À l'occasion de la sortie en salle du film Le Dossier Maldoror, L'Heure du crime revient sur le parcours criminel de Marc Dutroux. L'affaire remonte en 1996 lorsqu'une habitante de la commune belge de Bertrix, Patricia Martin, signale la disparition de sa fille, Laetitia Delhez, 14 ans.

Le même jour, une camionnette blanche faisant des allées venues dans le quartier de la piscine aurait été aperçue. L'un des témoins parvient à restituer un bout de la plaque minéralogique. Le véhicule appartient à un certain Marc Dutroux, 40 ans, déjà condamné, tout comme son épouse, Michelle Martin, pour vols, enlèvement de mineures, un viol avec séquestration et un autre sur une personne âgée.

Le couple est arrêté. Les aveux de Marc Dutroux ne se font pas attendre. "C'est par vanité qu'il avoue. Il y a un accord qui va être passé entre l'enquêteur qui va obtenir les aveux, Michel Demoulin et Dutroux, raconte Dominique Demoulin, journaliste à RTL-TVI qui a suivi toute cette affaire. Le gendarme lui dit : "Vous me posez n'importe quel question sur le dossier Laetitia. Si j'arrive à y répondre, vous me dîtes où se trouve la jeune fille." Ils vont se taper dans la main. Dutroux va demander à l'enquêteur où se trouvait la camionnette au moment où on enlève Laëtitia. Michel Demoulin répond. À ce moment-là, Dutroux s'affaisse sur sa chaise et lui dit : "Je vais vous donner deux filles". Ça a été la surprise totale pour l'enquêteur qui ne s'attendait pas du tout à ça."

Une cache dans une maison légèrement délabrée

L'homme conduit donc le chef d'enquête et ses hommes jusqu'à une maison légèrement délabrée de Marcinelle (Wallonie). "Cette maison, elle avait déjà été visitée par les gendarmes plus tôt et ils n'avaient rien trouvé, indique Dominique Demoulin. Cette cache, c'est une ancienne citerne dont l'entrée était caché par une armoire montée sur des rails. Il fallait être très attentif pour voir quelques chose, c'est un piège effectivement très ingénieux." Les silhouettes de deux jeunes filles, Laetitia Delhez, 14 ans, et Sabine Dardenne, 12 ans, apparaissent alors. Un miracle de les retrouver vivantes.

L'épouse, Michelle Martin, affirme qu'elle ignorait tout de cette prison. L'homme à tout faire du couple, Michel Lelièvre, est plus bavard. Dutroux lui a dit un jour que des proxénètes lui proposaient de l'argent en échange de jeunes filles de moins de dix-huit ans. Il y a exactement un an, fin août 1995, ils sont ainsi partis à la chasse de filles sur la côte belge. Ils en ont enlevé deux : An Marchal, 17 ans, et Eefje Lambrecks, 19 ans. Malheureusement, au fil des déclarations, les enquêteurs apprennent qu'elles ont été violées, puis enchaînées avant de mourir étouffées. Selon les légistes An vivait encore quand elle a été enterrée.

Un degré élevé de récidive

Réinterrogé, Dutroux révèle encore qu'on lui a amené un jour les deux petites filles dont la disparition a ému toute la Belgique : Julie Lejeune et Mélissa Russo, 8 ans. L'homme raconte qu'elles sont mortes de faim.

Lundi 1er mars 2004, Marc Dutroux, 47 ans, est devant la cour d'assises d'Arlon, avec son épouse Michelle Martin, son complice de la première heure, Michel Lelièvre, et un affairiste douteux, Michel Nihoul. C'est sur lui que Dutroux fait porter la responsabilité des crimes qui ne serait qu'un exécutant. Le procès dure 62 jours, Dutroux est condamné à la perpétuité. 

En 2019, le parquet de Bruxelles émet un avis favorable de libération à la demande des avocats de Marc Dutroux ce qui provoque l'indignation des familles des victimes. Trois psychiatres, les docteurs Samuel Leistedt, Pierre Oswald, Johan Kalonji, sont chargés de l'expertise. Les conclusions sont sans appel : malgré 24 ans passés en prison, Marc Dutroux serait resté un parfait psychopathe et conserverait un degré élevé de récidive.

Aujourd'hui âgé de 68 ans, le criminel est détenu à la prison de Nivelles, dans une cellule de 9 mètres carrés. Il reste placé sous un régime d’isolement strict. Son épouse, Michelle Martin, avait été libérée, elle en 2012, provisoirement hébergée dans un couvent belge.

Les invités de "L'Heure du crime"

- Dominique Demoulin, journaliste à RTL-TVI, a suivi toute cette affaire.
- Samuel Leistedt, psychiatre spécialisé en psychiatrie médico-légale qui a expertisé Marc Dutroux et auteur du livre Dans la tête des assassins et des abuseurs sexuels : Journal d'un expert psychiatre, publié aux éditions Racine.

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