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Cédric Jubillar en décembre 2020.
Crédit : Fred SCHEIBER / AFP
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Dès la nuit de la disparition de Delphine Jubillar, le 16 décembre 2020, les gendarmes de la section de recherche de Toulouse avaient établi que le téléphone portable de l’infirmière avait constamment borné sur un relais situé à deux kilomètres du domicile du couple, avant de se couper du réseau à 7h48 sans être jamais retrouvé. Ce qui recouvrait une zone de localisation de plusieurs kilomètres carrés.
Une nouvelle expertise réalisée cet été de "net monitoring", une analyse poussée de la couverture des relais téléphoniques dans une zone donnée, avance un positionnement beaucoup plus précis du téléphone de Delphine. Selon les conclusions consultées par RTL, l’expertise "tend à indiquer" que le portable est resté positionné à proximité immédiate du domicile du couple, rue Yves Montand, à Cagnac-les-Mines. Et cela jusqu’à son extinction à 7h48. Les enquêteurs, tout en restant prudents, qualifient de "fort" le "degré de discrimination" de l’expertise, autrement dit sa fiabilité.
Ils ont sélectionné avec un expert huit points dans Cagnac-les-Mines et seuls deux, dans la rue Yves Montand au niveau de la maison des Jubillar, sont compatibles avec les cellules activées sur les treize relais téléphoniques de la zone dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020.
Ce nouvel élément pourrait fragiliser la défense Cédric Jubillar, mis en examen pour le meurtre de sa conjointe et incarcéré depuis plus d’un an. En effet deux autres expertises versées au dossier et déjà rendues publiques ont établi que le téléphone Huaweï de Delphine a été déverrouillé par une "action humaine" à 6h52 du matin, soit près de trois heures après que son mari a appelé la gendarmerie à 4h09 pour signaler la disparition de son épouse du domicile. Qui a bien pu effectuer cette action ? La question devient d’autant plus cruciale à proximité immédiate du domicile et non dans un rayon de plusieurs kilomètres, zone dont la taille laissait ouverte les hypothèses de l’accident, de la disparition volontaire ou de l’enlèvement par un tiers.
Mais l’expertise est vivement contestée par les avocats de Cédric Jubillar, qui en dénoncent la "fiabilité et la méthodologie". Pour maitre Emmanuelle Franck, contactée par RTL, "la méthodologie utilisée, le net monitoring, n’est utilisée dans aucun dossier criminel, pour une bonne raison, c’est qu’elle n’est absolument pas fiable". L’avocate balaye les résultats avancés : "Nous le saurions si nous pouvions localiser de manière aussi précise un téléphone portable, ce serait utilisé depuis des années par les enquêteurs. L’expert dit lui-même qu’il faut prendre ses conclusions avec beaucoup de réserve, et donc on en revient à ce qu’on sait c’est que le téléphone active une cellule située à deux kilomètres du domicile".
La question de la localisation du téléphone de Delphine et sa mystérieuse activation à 6h52 devrait cependant être abordée par la juge chargée du dossier lors de l’interrogatoire de de Cédric Jubillar, programmée vendredi prochain 23 septembre à Toulouse. L’artisan-plaquiste, toujours incarcéré, n’a pas été interrogé sur le fond depuis février dernier. Il n’a donc pas encore été confrontés aux interrogations soulevées par les expertises du portable de son épouse.
Depuis que l’activation du téléphone dans la nuit de la disparition est connue, les avocats de Cédric Jubillar affirment que cela exonère leur client car à ce moment-là, il était en présence de gendarmes dans la maison, entre 6h30 et 7h10, et "qu’il ne peut (donc) pas se servir du téléphone même s’il l’avait conservé, d’autant qu’il ne dispose pas du code de déverrouillage qui venait d’être changé par Delphine". Désormais, il va aussi falloir expliquer, si l’expertise est considérée comme solide par les magistrats, comment le téléphone de Delphine a pu rester aussi proche de la maison et être activé. Question qui va sans nul doute tarauder également les enquêteurs.
Les avocats de Cédric Jubillar, qui reste présumé innocent, ont bien évidement également la possibilité de demander une contre-expertise, même s’ils ne le jugent pas utile à ce stade, et de contester les conclusions des enquêteurs. Ceux-ci soulignent en effet dans leurs conclusions que l’architecture du réseau a évolué depuis 2020, même s’ils ont fait éteindre lors de leurs mesures certains des nouveaux relais installés depuis par SFR, l’opérateur de Delphine Jubillar, ce qui pourrait ouvrir la porte à des discussions techniques pointues. Tout en laissant ouvertes les interrogations soulevées par ce nouvel élément versé à l’enquête.
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