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Le braqueur multirécidiviste Rédoine Faïd à son procès aux assises pour son évasion de 2018.
Crédit : Benoit PEYRUCQ / AFP
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Il est l’un des détenus les plus surveillés de France. Le braqueur multirécidiviste Rédoine Faïd s’est échappé une première fois à l’aide d’explosifs de la prison de Sequedin dans le Nord en 2013. Cinq ans plus tard, en pleine coupe du monde de football, il récidive, ce qui lui vaut aujourd’hui l’appellation de "roi de l’évasion".
Le dimanche 1er juillet 2018, un hélicoptère modèle Alouette II se pose en stationnaire dans la cour d’honneur de la prison de Réau, en Seine-et-Marne, où est incarcéré le braqueur. Des hommes armés et vêtus de noir sautent de l’appareil, traversent la cour et découpent à la disqueuse la porte qui mène au parloir. C’est là que se trouve Rédoine Faïd, en pleine discussion avec l’un de ses frères. Il est extrait par l’hélicoptère piloté par Stéphane Buy, pris en otage quelques heures plus tôt.
Frédéric Doidy est à cette époque le directeur de l’Office central de lutte contre le crime organisé (OCLCO). Il mène l’enquête qui conduira à l’arrestation de Rédoine Faïd, le 3 octobre 2018. Le policier retrace dans Les Voix du crime trois mois d’enquête entre fausses pistes, patience et interrogations.
Lorsqu’il apprend l’évasion de Rédoine Faïd, la première réaction de Frédéric Doidy est que "l’histoire se répète". En ce dimanche, toute l’équipe qu’il dirige se rend immédiatement au travail. Une partie des enquêteurs va sur place pour effectuer des constatations, d’autres analysent la téléphonie, font des auditions de témoins ou encore diffusent des avis de recherche à l’international.
"Je comprends que tout a été bien réfléchi, bien planifié et que normalement la cavale va être certainement aussi bien préparée que l'a été l'évasion", explique Frédéric Doidy. Lors de la première évasion de Rédoine Faïd, en 2013, les enquêteurs ont mis six semaines à le retrouver. En 2018, ils s’attendent au moins à la même durée avant de mettre la main sur le fugitif. Pourtant, de nombreux indices vont permettre à l’équipe de Frédéric Doidy d’établir un périmètre restreint pour leurs recherches.
Grâce aux appels de témoins au 17 et à des vidéos, les enquêteurs retrouvent l’hélicoptère partiellement incendié dans une impasse. Puis, un signalement leur indique qu’une Renault Megane Break noire brûle en sous-sol d’un centre commercial à Aulnay-sous-Bois. Au fil de l’enquête, les policiers s’aperçoivent que ce sont des véhicules relais qui se succèdent pour transporter Rédoine Faïd.
Les membres du commando qui a extrait Rédoine Faïd de la prison de Réau sont ensuite identifiés. "C’est l’entourage proche de Rédoine Faïd qui a participé à son évasion et qui a mis en œuvre ce stratagème bien monté qui va conduire à ce qu’il s’évade", explique l’enquêteur Frédéric Doidy.
Originaire de Créil, Rédoine Faïd y trouve refuge lors de sa fuite. Les enquêteurs s’aperçoivent que le braqueur n'a quitté ni le territoire français, ni sa région natale, où se trouvent ses proches. Le 7 juillet 2018, un chasseur aperçoit trois individus cagoulés et vêtus de noirs en train de se promener en forêt. Deux jours plus tard, ce même témoin va retrouver des sacs à moitié enfouis au même endroit. Les enquêteurs y découvrent des armes, une disqueuse et une meuleuse thermique qui ont été utilisées lors de l’évasion, ainsi que le tee-shirt orange que revêtait Rédoine Faid ce jour-là.
Après des nuits de patience, les enquêteurs finissent par identifier un véhicule Citroën C2 où se trouve un téléphone qu’ils recherchent. Alima, surnommée "la logeuse" de l'évadé, est identifiée comme l'utilisatrice du numéro. Elle est l’ancienne petite amie de Liazid, l’un des neveux de Rédoine Faïd. Le véhicule les amène à une adresse à Creil.
Il prépare et planifie bien ses évasions, c’est un peu plus laborieux en ce qui concerne la cavale.
Frédéric Doidy, ancien chef de l'office central de lutte contre la criminalité organisée
Fin septembre, lors d’une surveillance nocturne, une femme en djellaba et une autre en hijab sortent du véhicule. Parce que Rédoine Faïd est connu pour son "art de se travestir", Frédéric Doidy et son équipe d’enquêteurs suspectent que cette femme soit en réalité l’homme qu’ils traquent. Après une semaine de repérages, dans la nuit du 2 au 3 octobre 2018, le feu vert est donné aux enquêteurs. "Quand on a la certitude qu'il est rentré dans l'immeuble, on a la certitude aussi qu'il ne ressortira pas. (...) On va interpeller vers 4h du matin", raconte Frédéric Doidy.
Avec le recul, Frédéric Doidy estime que Rédoine Faïd a manqué de moyens pour poursuivre sa cavale. "Une cavale, cela coûte cher, il faut avoir de l’argent (...) Il faut avoir du soutien, c’est certainement aussi ce qui lui manquait parce que lorsque vous avez tous les flics de France à vos trousses, vous n’avez plus tant d’amis que cela en fin de compte". Il ajoute : "À froid, on se dit qu’il a bien réussi à chaque fois ses évasions et il a moins bien organisé ses cavales".
Au terme de l’enquête, Frédéric Doidy se dit fier. Fier d’avoir mis la main sur Rédoine Faïd, mais aussi "sans casse". Rédoine Faïd est aujourd’hui libérable en 2057. Va-t-il tenter à nouveau de s’évader d’ici-là ? À son procès, à l’occasion de sa dernière prise de parole, il a déclaré : "j’essaierais de ne pas me réévader". "Tout est dit. Je pense que Rédoine Faïd est animé d’un projet d’évasion permanent", conclut l’enquêteur.
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